Biographie et contexte historique, vipère au poing

Biographie
Hervé Bazin naît au sein d’une famille bourgeoise. Il s’oppose à une mère autoritaire et sèche. Il fugue plusieurs fois pendant son adolescence et refuse l’enseignement catholique en droit qu’on lui impose et, l’année de ses vingt ans, il rompt avec sa famille.
Il passe son enfance à Marans. Il entre en pensionnat, puis part en faculté de lettres à la Sorbonne. Malgré les souvenirsdouloureux que lui évoquent les murs du Pâtis, manoir de ses parents, il reste toute sa vie très attaché à sa région natale où il situe bon nombre de ses romans.
Il commence par exercer de nombreux petits boulots et écrire de la poésie, une première quinzaine d’années, sans éclats. À noter tout de même la création d’une revue poétique en 1946, La Coquille (huit volumes seulement), et l’obtentiondu prix Apollinaire pour Jour, son premier recueil de poèmes, suivi d’À la poursuite d’Iris en 1948.
Sur le conseil de Paul Valéry, il se détourne de la poésie pour se consacrer à la prose.
Les rapports conflictuels qu’il a eus avec sa mère pendant son enfance lui inspirent le roman Vipère au poing en 1948. Y est narrée la relation de haine entre Folcoche (contraction de « folle » et «cochonne »), mère sèche et cruelle constamment à la recherche de nouveaux moyens de brimade (par exemple, l’histoire de la fourchette), et ses enfants dont le narrateur Jean Rezeau, surnommé Brasse-Bouillon. Maurice Nadeau apprécie ces « Atrides en gilet de flanelle », selon l’expression d’Hervé Bazin. Ce roman connaît un immense succès après-guerre et est suivi de nombreux autres qui décrivent, avec uncertain naturalisme et un art du portrait psychologique, les mœurs de son époque. D’autres romans ont comme héros les personnages de Vipère au poing, La mort du petit cheval et Cri de la chouette.
Contexte historique

Durant l’été 1922, Jean et Ferdinand sont élevés par leur grand-mère paternelle dans le château familial de la Belle-Angerie, à quelques kilomètres d’Angers. Le décès de leurgrand-mère oblige leurs parents, Jacques et Paule, à quitter l’ Indochine où le père est cadre dans une université chinoise, pour revenir s’occuper de leurs enfants.
Ce qui suit dévoile des moments clés de l’intrigue.
Avec impatience et curiosité, les deux enfants attendent leurs parents et le petit frère qu’ils ne connaissent pas sur le quai de la gare. En se jetant sur leur mère pourl’embrasser, ils se font violemment gifler par cette dernière qui souhaite descendre tranquillement du train. Leur nouveau petit frère, Marcel, leur adresse un salut presque froid. Seul leur père les embrasse.
De retour au château, la famille et le personnel sont convoqués dans la salle à manger pour écouter la nouvelle organisation de la famille : le père annonce un emploi du temps spartiate, avec messedans la chapelle privée dès le commencement de la journée, vers 5h30, et à son achèvement vers 21h30. Pendant la journée, les études sont dispensées par l’abbé qui vit avec eux. Soudain, le père prend prétexte d’avoir des mouches à piquer pour se retirer, laissant ainsi sa femme, Paule, annoncer ses propres directives : les enfants n’auront plus le droit au café au lait le matin mais à la soupe,ils auront les cheveux tondus par mesure d’hygiène et, par sécurité, elle ôte les poêles, les édredons et les coussins dans leur chambre. Elle leur confisque tous leurs objets personnels. Quant aux heures de recréations, elles doivent être consacrées à l’entretien du parc. Pour ne pas user leurs chaussures et chaussettes, elle leur impose le port de lourds sabots, qu’ils « peuvent » porter avec dela paille s’il fait froid…
En peu de temps, les enfants sont affamés, frigorifiés, privés de tout confort, de toute tendresse, et constamment sujets à des brimades, punitions ou humiliations de la part de leur mère, sous l’œil de leur père qui semble préférer ne rien voir pour éviter un conflit avec sa femme.
Au cours des repas, elle n’hésite pas à piquer violemment un de ses fils avec la…