Churchil

MÉTHODOLOGIE DE CONSTRUCTION D’UNE ÉCHELLE DE MESURE : APPLICATION DU PARADIGME DE CHURCHILL
Laïla Benraiss1

Le choix d’une échelle de mesure demeure une étape critique de la recherche en sciences de gestion. Il est plus évident quand le concept a été abordé dans la littérature et ce, dans les mêmes conditions de son application par le chercheur. Dans le cas contraire, le chercheur seretrouve face à l’obligation de construire une échelle spécifique au concept et au terrain de son étude. Dans cette communication, nous exposons la méthodologie de construction d’une échelle de mesure en l’appliquant au cas particulier du sentiment d’équité salariale2. La démarche adoptée (figure 1) repose sur les étapes préconisées par le paradigme de Churchill (1979). Elle vise à intégrer lesconnaissances de la théorie de la mesure ainsi que les techniques appropriées pour l’améliorer dans une procédure systématique. Cette démarche permet de construire avec rigueur des instruments de mesure de type questionnaires à échelles multiples. Ce paradigme s’applique au processus de création et de développement des échelles multiples ou multi-items3. Il s’inscrit dans la théorie de la mesure quivise à tester la qualité des instruments de mesure tels que les échelles d’attitude. Il est fondé sur la vraie valeur formalisée de la manière suivante (Evrard et al. 2000) : Figure 1 : Paradigme de Churchill

1 Chercheure confirmée, IAE Brodeaux, France. Courriel : [email protected]. 2 Dans la suite de la communication, pour des raisons de simplification nous emploierons l’équité salarialepour parler du sentiment d’équité à l’égard de la rémunération. 3 Il consiste à élaborer des échelles où plusieurs énoncés mesurent un seul indicateur.

M Mesure Obtenue

= =

V Vraie Valeur

+ +

Es Erreur systématique

+ +

Ea Erreur aléatoire

L’objectif assigné à un instrument de mesure est de tendre vers l’obtention d’une mesure parfaite du phénomène étudié (vraie valeur).Cette quête s’avère difficile lorsque le domaine étudié porte sur des attitudes et des perceptions subjectives. Aussi, les différentes étapes proposées dans le paradigme de Churchill visent à réduire deux types d’erreur de mesure. D’abord, la phase exploratoire tente de réduire l’erreur aléatoire, c’est-à-dire l’exposition de l’instrument aux « aléas tels que les circonstances, l’humeur despersonnes interrogées…» (Evrard et al. 2000). Cela est possible en testant la fiabilité des échelles. Ensuite, la phase de validation essaie de réduire non seulement l’erreur aléatoire, mais aussi l’erreur systématique liée à la conception de l’instrument. La phase exploratoire comprend les quatre premières étapes– indiquées dans la figure 1– alors que la phase de validation regroupe les quatredernières séquences. I. SPÉCIFIER LE DOMAINE DU CONSTRUIT I.1. Définition et principes de la théorie de l’équité L’initiative des recherches sur l’équité revient surtout à Homans (1974) et à Adams (1962, 1963, 1964 et 1965). Ils ont appliqué aux phénomènes salariaux les

principes de la dissonance cognitive de Festinger (1957)4 et de la privation relative de Stouffer et al. (1949)5. La théorie del’équité stipule ainsi qu’une personne compare ses contributions et ses rétributions à celles d’une autre personne considérée comme point de repère (Adams 1963). Un état d’iniquité existe au moment où quelqu’un perçoit que le ratio de ses contributions et de ses rétributions n’est pas égal à celui de la personne à laquelle il se compare. L’inégalité entre ces rapports peut être négative; le sujetperçoit alors un souspaiement et, de là, éprouve un sentiment d’iniquité et de frustration comparative. Si elle est positive, le sujet sur-rétribué éprouve un sentiment de culpabilité et tend à être insatisfait par cette forme inverse d’iniquité, génératrice d’inquiétude et d’insécurité (Thériault 1983). I.2. Processus de comparaison Chaque individu établit donc sa perception de la justice de ses…