Engegement et liberté sont-ils compatibles

Sujet : Engagement et liberté sont-ils compatibles ?

Définissons tout d’abord les deux termes importants du sujet : liberté et engagement.
La liberté est un terme difficile à définir en positif, il est plus facile de la définir par ce qu’elle n’est pas : la liberté, c’est l’absence de contraintes. Je suis libre si je peux décider en permanence de ce que je fais de ma vie, dujour et de l’heure qui vient.
L’engagement, c’est la décision de se lier par une promesse un contrat une convention à quelque chose qui peut être une personne (PACS ou mariage), à une association, par exemple sportive, à un parti politique. En m’engageant je me lie et j’accepte les règles de fonctionnement du contrat que je passe. Je ne suis plus spectateur du monde, mais je choisis une voie, etje la suis.
De ces définitions, on constate immédiatement que poser une telle question à l’homme privé de liberté ou esclave serait une provocation, et n’aurait pas de sens. Pour traiter ce sujet, on partira donc du postulat que l’on parle ici d’un homme libre. Libre de ses mouvements, de ses pensées, de ses choix.
Le temps de l’esclavage étant révolu, la déclaration des droits de l’hommeétant un texte fondateur de notre République, tout l’intérêt de cette question vaut pour un homme qui n’est pas privé de sa liberté.
Par définition toujours ces deux notions semblent opposées : en m’engageant, en choisissant une voie, je ne suis plus libre de choisir les autres. Par conséquent, l’engagement c’est la fin de la liberté, et ces deux notions sont par définition incompatibles, c’est ceque nous développeront dans une première partie.
Mais, à la réflexion, et si l’on poursuit ce raisonnement, si liberté et engagement sont incompatibles, pour rester libre, je ne dois jamais m’engager … jusqu’à perdre la liberté même de choisir un engagement. Dans une deuxième partie, on affirmera que l’engagement librement choisi est la manifestation suprême de la liberté.
Tout dépendfinalement du choix de l’engagement : on verra dans une troisième partie que si certains engagements enferment, d’autres permettent de construire sa vie. Engagement et liberté ne sont compatibles que si au moment du choix je me pose la question : Puis-je revenir sur ce choix si je découvre que je me suis trompé ? Se pose alors la question du désengagement : possible ou non ?

La liberté : Ne pass’engager.

Etre libre, c’est faire ce qui nous plait, toujours, partout. Quelle définition grisante, irrésistible. Quel programme de vie !
Dans ce premier temps, alors OUI, liberté et engagement sont parfaitement incompatibles.
C’est bien l’opinion de Raymond Aron pour qui la seule liberté fondamentale c’est celle de « ne pas être empêché de ».
C’est encore le comportement de Don Juan deMolière, qui, totalement opposé aux devoirs qu’impose la vie sociale, hypocrite, cynique et froid, manipule hommes et femmes, séduit par le discours pour faire tomber la femme qu’il désire, et promet mensongèrement le mariage.
Sa seule liberté est de satisfaire ses désirs, ce qui en fait un homme libertin, fier et orgueilleux. Don Juan veut affirmer sa supériorité sur tout et tous, y compris la moraleet la religion, par son absence totale d’engagement.

« Quoi ? tu veux qu’on se lie à demeurer au premier objet qui nous prend, qu’on renonce au monde pour lui, et qu’on n’ait plus d’yeux pour personne ? La belle chose vouloir se piquer d’un faux honneur d’être fidèle, de s’ensevelir pour toujours dans une passion, et d’être mort dès sa jeunesse à toutes les autres beautés qui nous peuventfrapper les yeux ! Non, non : la constance n’est bonne que pour les ridicules ; toutes les belles ont droit de nous charmer, et l’avantage d’être rencontrée la première ne doit point dérober aux autres les justes prétentions qu’elles ont toutes sur nos cœurs. Pour moi, la beauté me ravit partout où je la trouve, et je cède facilement à cette douce violence dont elle nous entraîne. J’ai beau être…