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VOLTAIRE : CANDIDE : CHAPITRE 6 : L’AUTODAFE
Introduction : A peine échappé de la bataille entre Bulgares et Abares, Candide arrive en Hollande où il est recueilli par un anabaptiste et où il retrouve Panglos, de qui il apprend les malheurs de Cunégonde, victime des soldats bulgares. Puis avec l’anabaptiste que son commerce appelle au Portugal, ils s’embarquent et arrivent à Lisbonne juste aumoment du tremblement de terre. Ainsi, après avoir échappé à la guerre et à la vérole, les voilà assaillis par les catastrophes naturelles, ce qui renforce la polémique anti-optimiste de Voltaire. A Lisbonne, Panglos va être arrêté pour des propos jugés subversifs, ainsi que Candide pour l’avoir « écouté d’un air d’approbation », et tous deux vont se retrouver parmi les victimes de l’autodaféorganisé par l’Inquisition.
Enjeu : Le texte introduit la question de la religion dans Candide sous la forme aiguë de l’intolérance. Voltaire dénonce ici les pratiques de l’Inquisition, cet organisme judiciaire de l’Eglise chargé de réprimer l’hérésie : toute doctrine contraire au catholicisme. Dans ce chapitre fort court au style très rapide, le narrateur montre successivement que la décision del’autodafé est absurde et que les chefs d’accusation sont sans fondement, que l’exécution relève du spectacle, que tout cela n’aura servi à rien, et que Candide a fait de très légers progrès.
I – Le recours à l’autodafé : l’absurdité de la décision
1. Une logique de l’absurde.
Dans une longue phrase qui englobe tout le premier paragraphe, Voltaire dénonce la logique de l’absurde et montreque seule la superstition est le motif de l’autodafé.
Dans la première partie de la phrase, des éléments hétérogènes sont placés dans une relation de causalité : « un moyen plus efficace pour prévenir une ruine totale », c’est « de donner au peuple un bel autodafé ».
Dans la deuxième partie de la phrase, même relation de causalité absurde : « Le spectacle de quelquespersonnes brûlées à petit feu » devient « un secret infaillible pour empêcher la terre de trembler ».
La manie optimiste d’appliquer partout des enchaînements s’ajoute à la superstition religieuse. 2. Le charlatanisme des Inquisiteurs.
Souligné par la désignation ironique « les sages du pays », périphrase qui les assimile à une sorte de sorciers.
Souligné encore parl’expression moqueuse « le secret infaillible ».
3. Le choix d’une cérémonie organisée comme un spectacle discrédite les initiateurs.
Spectacle fait pour flatter la naïveté populaire : « donne au peuple un bel autodafé ».
Spectacle raffiné respectant certaines formes : « à petit feu », « en grande cérémonie » (Notons l’absence de lien logique entre ces deux précisions).
II – Le choixdes victimes : dénonciation de l’arbitraire et de l’intolérance du catholicisme
1. Un lien de cause à effet inversé.
Exprimé par « en conséquence » au début du second paragraphe : on ne procède pas à un autodafé parce qu’il y a des coupables, c’est parce qu’on a décidé de faire un autodafé qu’il faut des victimes.
2. Les motifs évoqués montrent la tyrannie de l’Eglise.
Le motifd’arrestation de Biscayen « convaincu d’avoir épousé sa commère » montre que l’Eglise empiète sur la vie privée de ses fidèles (et le ridicule de cet interdit).
La raison de l’arrestation des deux portugais pour avoir pratiqué un rite de religion juive montre que les catholiques sont totalement intolérants envers les autres religions. La formulation « en avait arraché le lard » accentue lafutilité de l’accusation basée sur un geste.
Les raisons de l’arrestation de Panglos et Candide soulignent le total arbitraire de l’Eglise :
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3. L’absence de jugement est la preuve parfaite de ces pratiques inadmissibles.
Les deux héros se retrouvent au cachot. Voltaire emploie avec ironie une périphrase hyperbolique pour décrire ce…