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LE MODELE SOVIETIQUE ET SON EVOLUTION

Construit par Lénine et surtout Staline dans l’Entre-Deux-Guerres, le modèle soviétique va jouir d’un grand crédit entre 1945 et la fin des années 70, avant de s’effondrer de l’intérieur en quelques années. Dans une première partie on traitera des bases du modèle, c’est-à-dire des éléments originaux relativement permanents qui en constituent lesfondements. Dans la seconde on présentera son évolution selon un fil directeur non strictement chronologique, en envisageant d’abord ses succès, puis ses difficultés d’adaptation et sa disparition.

I. LES BASES DU MODELE :

A) Les bases politiques : l’état-parti (schéma polycopié et doc. p. 121) :

• Les institutions sont totalement contrôlées par un parti unique dont le rôle dirigeant estreconnu par la Constitution (il exerce la dictature du Prolétariat) et dont la structure hiérarchique double celle de l’appareil d’état. Les élections offrent des candidats officiels uniques choisis par le Parti (même si une minorité n’en est pas membre) et élus à une quasi-unanimité (peu d’abstentions et même de votes nuls). Le Secrétaire général du Parti est le véritable maître du pouvoir et ilcumule assez souvent cette fonction avec celle de premier ministre (chef du gouvernement) voire aussi de chef de l’état. Cette concentration progressive du pouvoir débouche sur l’organisation d’un véritable culte de la personnalité.
• les libertés individuelles sont étroitement contrôlées et il n’est guère possible d’exprimer une diversité d’opinions. Les assemblées nationales elles-mêmes ne sont quedes organes se réunissant brièvement quelques semaines par an pour approuver les mesures adoptées par le Politburo du Parti. Même à l’intérieur du parti sévit le centralisme démocratique qui veut que la minorité se rallie à l’opinion majoritaire et aussi que les échelons inférieurs de la hiérarchie doivent respecter les décisions prises aux échelons supérieurs. Une opposition trop ouverte peutdéboucher sur l’élimination politique, voire le camp de travail ou l’asile psychiatrique.
• Le fédéralisme est factice. Les 15 R.S.S. sont étroitement contrôlées par le parti et les dirigeants non-russes y sont systématiquement doublé par un second secrétaire russe. Un centralisme poussé ne laisse aux gouvernements locaux que des affaires d’intérêt secondaire et le Soviet des Nationalités n’estcomme celui de l’Union qu’une chambre d’enregistrement. La maîtrise du russe est indispensable pour faire carrière et le service militaire un instrument de russification. En réalité sous des allures de fédéralisme, le vieux passé colonial d’époque tsariste survit.

B) Une économie collectivisée et planifiée :

• L’économie soviétique repose sur la propriété collective des moyens de production.L’industrie et les banques relèvent uniquement de l’état. Dans l’agriculture, la pêche et l’artisanat, on distingue les sovkhozes (fermes d’état où les employés sont des fonctionnaires rétribués selon leur qualification) et les kolkhozes (coopératives de production où les travailleurs sont rétribués selon leur travail). Les agriculteurs disposent aussi d’un lot de terre (dvor d’environ 1 ha) àtravailler pour leur compte, dont ils peuvent consommer les produits et vendre les surplus sur le marché kolkhozien libre. Les syndicats et les entreprises peuvent aussi posséder des biens (maisons de vacances, hôpitaux…).
• L’économie est planifiée de manière centralisée et impérative. Les plans quinquennaux sont réalisés par le Gosplan et leurs objectifs s’imposent à toutes les entreprises. Les prixet les salaires sont fixés autoritairement. Ils ne dépendent pas des réalités du marché mais de l’utilité sociale : logement et nourriture de base bon marché, santé gratuite, produits considérés comme non nécessaires très chers, hiérarchie des salaires écrasée…
• Les résultats sont très variables selon les secteurs considérés : l’industrie lourde et certains secteurs stratégiques…