Ulysse

Ulysse, c’est l’errance et ses imprévus, avec ses souffrances et parfois ses joies qui arrivent comme un hasard. Car rien n’était prévu et anticipé. La notion detemps semble disparaître. C’est l’événement qui fait sa loi, impose sa nécessité. Il faut vivre et survivre, tirer profit des événements, en puisant dans les talents quiheureusement ne manquent pas. Cent fois, il aurait pu mourir et autant de fois il en sort, par la force de sa ruse et de son intelligence quand la force de son bras nesuffisait plus. Les forces sont à la mesure du défi, encore plus vives dans l’action intense et le danger le plus imminent. Jamais Ulysse n’aura été plus grand quedans les épreuves. Mais héros toujours sympathique, car victime apparente des circonstances, il est facile de lui pardonner ses oublis ou ses fautes. Héros aussi malgrélui, car il ne voulait pas aller à la guerre; au départ, il feint la folie, labourant son champ à la charrue attelée au bœuf et à l’âne, puis y semant du sel. Quand iln’a plus le choix, il s’engage résolument, se fait conseiller, faux marchand, diplomate, harangueur de troupes, guerrier fougueux. Il fera partie de la trouped’assaut, qui s’embarque dans le fameux cheval de Troie dont il serait l’inventeur et surprend la ville endormie dans ses remparts. En première ligne d’attaque, sans peur etintrépide. Alors pourquoi tant d’années pour revenir sur le même sillage, bien connu des marins d’autrefois. Comme dans le déficit de l’attention, Ulysse semble dévierde sa course, une nouvelle aventure se présentant plus irrésistible ou inéluctable que l’autre et le temps disparaissant complètement dans l’intensité de l’action.