5 Lignes sur l’échafaud de hugo
« l’échafaud »Victor Hugo
C’était fini. Splendide, étincelant, superbe,
Luisant sur la cité comme la faulx sur l’herbe,
Large acier dont le jour faisait une clarté,
Ayant je ne sais quoi dans satranquillité
De l’éblouissement du triangle mystique,
Pareil à la lueur au fond d’un temple antique,
Le fatal couperet relevé triomphait.
Il n’avait rien gardé de ce qu’il avait fait
Qu’une petitetache imperceptible et rouge.
Le bourreau s’en était retourné dans son bouge;
Et la peine de mort, remmenant ses valets,
Juges, prêtres, était rentrée en son palais,
Avec son tombereau terribledont la roue
Silencieuse, laisse un sillon dans la boue,
Qui se remplit de sang sitôt qu’elle a passé.
La foule disait : bien! car l’homme est insensé,
Et ceux qui suivent tout, et dont c’est lamanière,
Suivent même ce char et même cette ornière.
J’étais là. Je pensais. Le couchant empourprait
Le grave Hôtel de Ville aux luttes toujours prêt,
Entre Hier qu’il médite et Demain dont il rêve.L’échafaud achevait, resté seul sur la Grève,
Sa journée, en voyant expirer le soleil.
Le crépuscule vint, aux fantômes pareil.
Et j’étais toujours là, je regardais la hache,
La nuit, la villeimmense et la petite tache.
À mesure qu’au fond du firmament obscur
L’obscurité croissait comme un effrayant mur,
L’échafaud, bloc hideux de charpentes funèbres,
S’emplissait de noirceur et devenaitténèbres;
Les horloges sonnaient, non l’heure, mais le glas;
Et toujours, sur l’acier, quoique le coutelas
Ne fût qu’une forme épouvantable et sombre,
La rougeur de la tache apparaissait dansl’ombre.
Un astre, le premier qu’on aperçoit le soir,
Pendant que je songeais, montait dans le ciel noir.
Sa lumière rendait l’échafaud plus difforme.
L’astre se répétait dans le triangle énorme;
Il yjetait, ainsi qu’en un lac, son reflet,
Lueur mystérieuse et sacrée; il semblait
Que sur la tache horrible, aux meurtres coutumière,
L’astre laissait tomber sa larme de lumière.
Son rayon,…