Religions monotheistes

Le monothéisme

Le terme de monothéisme renvoie à l’existence d’un Dieu unique (par opposition au polythéisme) mais qui est transcendant au monde (par opposition aux conceptions panthéistes). Communément, on parle de religions monothéistes à propos du judaïsme, du christianisme et de l’islam (auxquels on ajoute parfois le mazdéisme ou zoroastrisme). Cependant, au-delà de la commodité du labelpour désigner un ensemble de religions prophétiques qui s’opposent à la fois aux sagesses et aux religions orientales aussi bien qu’aux religions territorialisées de l’ethnie ou de la cité antique, il est nécessaire de s’interroger sur la variété des conceptions monothéistes.

La naissance du monotheisme

Si le judaïsme est la plus ancienne grande religion monothéiste, le monothéisme hébreu nes’est pas affirmé originellement ni d’un seul bloc, mais a pris forme progressivement à travers la prédication des prophètes. Les textes les plus anciens de la Bible multiplient en effet les allusions à des pratiques polythéistes (culte de plusieurs dieux), syncrétistes (culte de Yahvé associé à des dieux cananéens) ou monolâtres (Yahvé comme Dieu national ou « tribal » du peuple hébreu face auxdieux étrangers); à cette période, Yahvé défie les autres dieux sans nier leur existence. Ce n’est qu’à l’époque postérieure à l’exil à Babylone (VIe-Ve s. av. J.?C.) que le monothéisme biblique s’affirme de façon exclusive, notamment dans le livre du second Isaïe, qui présente Yahvé comme souverain unique de l’Univers et proscrit les images des autres dieux en tant qu’idoles.

La diversité dumonothéisme dans les religions abrahamiques

Chacune des trois religions qui se réclament de l’héritage d’Abraham module de façon différente l’affirmation monothéiste. Celle-ci apparaît au cœur du témoignage de foi dans le judaïsme (« Écoute Israël, l’Éternel est notre Dieu, l’Éternel est un ») ou dans le credo musulman (« Il n’y a pas de dieu en dehors de Dieu »). Cependant, il ne faut pascomprendre le monothéisme biblique comme un énoncé de caractère métaphysique sur la nature de Dieu; il est d’abord une affirmation sotériologique: Yahvé est l’unique sauveur d’Israël, le peuple élu par lui. Ainsi, « le monothéisme juif n’est que le nom abstrait d’un rapport concret qui est l’alliance » (André Manaranche).

Le christianisme donne lieu à une forme originale de monothéisme puisqu’ildécouvre une complexité ad intra en Dieu à travers le mystère de la Trinité. Le Dieu chrétien est à la fois un comme substance ou nature divine et trine à travers les trois hypostases ou personnes. Le christianisme orthodoxe de la Grande Église s’est construit aux premiers siècles à la fois contre les tenants d’un monothéisme simple qui voulaient réduire les personnes divines à de simples modalités del’essence de Dieu (hérésie modaliste) et niaient du même coup la filiation en Dieu (hérésie arienne) et dans l’autre sens contre les tenants d’un trithéisme qui rompait avec le monothéisme.

Dernier du cycle, le monothéisme musulman apparaît avant tout comme une réaction de rejet face à la Trinité chrétienne: il affirme donc avec vigueur l’absence de toute pluralité interne en Dieu. Le Coranfait du shirk , c’est-à-dire de l’« association » d’autres divinités au seul Dieu, le péché par excellence et enseigne qu’ « Il [Allah] n’engendre pas et n’a point été engendré » (sourate CXII).

Vouloir occulter ces différences entre les monothéismes réels au profit d’un monothéisme abstrait ne mènerait qu’à un déisme philosophique, tel que la croyance en un Être suprême d’un Rousseau ou d’unRobespierre.

Monothéisme et monolâtrie

Hors le cas des religions qui se rattachent à la figure d’Abraham, nombre de cultures dans le monde partagent la croyance en un Dieu unique. On parle, dans ce cas de figure, de monolâtrie plutôt que de monothéisme, pour mettre en évidence que l’adoration d’un seul Dieu n’a ici que valeur locale, à l’intérieur de l’ethnie ou de la culture considérée,…