Automne malade

Apollinaire, Alcools (1913)
Zone

1. Mouvement du poème
L’auteur interpelle tour à tour ses états d’âme, certains de ses moments passés et des lieux de Paris sans ordre logique. Les présentatifs  » Voilà « ,  » Voici « ,  » C’est  » marquent le rythme et la tonalité.
Les 3 premiers vers, isolés, lancent ce parti pris de l’interpellation :
vers 1 : lassitude ; vers 2 : la tour Eiffel dominanteet les ponts alentour ; vers 3 : le passé d’études classiques approfondies.
La strophe 4 (vers 4, 5 et 6) fait s’interpénétrer deux mondes qui se nient : la simple religion ancienne d’une part et le monde moderne des automobiles et des avions d’autre part.
La strophe 5 (vers 7 à 14) précise le heurt de ces deux mondes et place au milieu du conflit l’auteur qui choisit la religion et la poésie dumonde moderne : affiches, prospectus, journaux, police, politique…
Strophe 6 (vers 15 à 24) : Aussi, le regard du poète s’arrête sur une rue  » industrielle  » qu’il décrit précisément, entièrement et durant 6 jours.
Strophe 7 (vers 25 à 41) : Dans cette strophe encore plus longue, le poète continue d’interpeller ce heurt entre les deux mondes. Il revoit la rue de son enfance où il invoque avecdérision certains des moments vécus dans la pratique religieuse.
Strophe 8 (vers 42 à 70) : Accroissement de la strophe en longueur (28 vers). L’auteur précise et développe ce conflit des deux mondes : Christ, apôtres, anges du ciel se mêlent aux avions. Les oiseaux arrivent par millions (vers 54) de tous les coins du monde – avec les symboles variés et puissants qu’ils représentent – comme pourrésoudre  » fraternellement  » le conflit suggéré.
Strophe 9 (vers 71 à 80) : La strophe diminue de longueur (10 vers). Retour sur la ville : l’angoisse de l’amour déçu et de la solitude cherche une consolation dans la religion encore tournée en dérision. Les 3 derniers vers interpellent l’art classique des musées et le retour sur soi .
La strophe 10 comporte 2 vers surprenants : un souvenir ?une vision ? Ce sang réveille une douleur passée, peut-être celle de l’accouchement que l’auteur assimile à une donnée esthétique.
Strophe 11 (vers 83 à 88) : l’auteur noie l’image de l’aimée dans les flammes et le sang qu’il sacralise.
Strophe 12 (vers 89 à 94) : retour à un lieu de l’enfance dont il sacralise encore un élément.
Strophe 13 (vers 95 à 105) : autre souvenir encore sacralisé oul’auteur met son propre visage parmi les figures des saints. Jeu sur le temps qui s’écoule dans l’autre sens.
Les 3 strophes suivantes, constituées de 3 vers isolés (vers 106, 107, 110), évoquent 3 lieux d’Europe d’une manière laconique. Ni le conflit des mondes précédemment décrits ni l’angoisse de l’amour déçu n’y sont suggérés.
Strophe 17 (vers 109 à 112) : Remémoration d’un autre voyage toutaussi laconique. On y apprend (avec humour sur le latin et avec jeu de mots) que l’auteur y a rencontré une jeune fille.
La courte strophe 18 (vers 112 et 113) éclaire brutalement et rapidement le désagrément fâcheux d’avoir été accusé du vol de La Joconde.
Strophe 19 (vers 115 à 118) : 4 vers presque réguliers. (3 vers de 13 pieds et un alexandrin !) reviennent sur la douleur de la vie et del’amour et sur le temps perdu.
Strophe 20 (vers 119 et 120) : 2 vers irréguliers amplifient sur la douleur de l’amour déçu dans un sentiment de honte et d’épouvante.
La strophe 21 (vers 121 à 134) nous amène gare Saint Lazare ou l’auteur se fait sociologue : il observe les émigrants à peine arrivés et en donne une analyse qui dépasse la scène vue.
Strophe 22 (vers 135 et 136) : le poète sociologue semêle à des crapules et des malheureux.
La strophe 23, constituée du seul vers 137, joue sur le contraste du changement brutal de décor.
Strophe 24 (vers 138 et 139) : Apologie des femmes qu’il juge, excuse et qu’il condamne cependant ; les femmes de rencontre ou celles qu’il a aimées ?
Les strophes 25, 26, 27 et 28, constituées d’un vers isolé chacune, décrivent impitoyablement 2 filles…