Que respecte-on en l’autre?

Que respecte-t-on en l’autre ?

Présupposé du sujet : que ce sentiment existe ou doive exister envers les autres. Quelle(s) caractéristique(s), chez l’être humain, fonde(nt) le respect, c’est-à-dire ce sentiment qui conduit à s’abstenir envers cet autre e tout acte lui portant atteinte ? Et par conséquent, respecte-t-on tous les « autres » ?

I) on respecte celui que l’on reconnaîtcomme son semblable.

1) Le respect repose sur la valeur de l’individu considéré

Le respect est le sentiment de la valeur de quelque chose ou de quelqu’un. S’il s’adresse à un individu, c’est parce que nous avons conscience de la valeur de celui-ci. On respectera ainsi celui que l’on estime, c’est-à-dire dont on juge qu’il possède des qualités personnelles, telles que l’honnêteté,ou le courage. A contrario, cela signifie que l’on ne respectera pas celui que l’on juge dépourvu de ces valeurs. Le respect est alors un sentiment sélectif qui naît de la reconnaissance des meilleurs d’entre nous.

2) Or celui qui juge de cette valeur, c’est aussi celui qui respecte l’autre : on ne respecte que ses semblables (en un sens restreint).

En effet, juger de la valeurde quelqu’un se fait en fonction de certains critères, qui peuvent être personnels, ou culturels, mais qui sont toujours particuliers. Au fond, j’estime que quelqu’un est digne de respect parce qu’il partage une qualité que je trouve bonne (en fonction de mon vécu, de mon éducation, de ma culture). Nous avons tendance à respecter plus facilement celui qui nous rassemble, celui à qui l’on peuts’identifier. En ce sens, le respect s’adresse au semblable, à ce qui dans l’alter ego (autre moi-même) est le plus proche de moi (ego), à mon prochain. Ne respecte-t-on pas ceux que l’on aime, ceux qui nous sont les plus proches, et partagent avec nous le plus de caractéristiques communes ? Ceux que l’on a choisi, que l’on a reconnu comme les meilleurs d’après nous ? Le respect des autres ne serait aufond qu’une conséquence du respect de soi : on respect en l’autre ce qui nous ressemble, on aime l’autre comme on s’aime soi-même. Freud remarque que l’exigence « aime ton prochain comme toi-même », pose problème lorsqu’on entend par « prochain » tout être humain ; je ne peux aimer un inconnu. J’aime un autre être parce qu’il le mérite, selon Freud, et il le mérite s’« il me ressemble à tel pointque je puisse en lui m’aimer moi-même », ou s’il est « tellement plus parfait que moi qu’il m’offre la possibilité d’aimer en lui mon propre idéal ». J’aime en l’autre ce qui est en moi, ou ce que je souhaiterais être.
Si l’on respecte ce que l’on connaît, alors le respect se fonde sur la considération d’une ressemblance et l’irrespect sur celle de la différence : ainsi en témoignent lesconflits entre individus ou entre peuples, toujours fondés sur la mise en avant d’une différence considérée comme insurmontable.

3) S’agit-il encore de respect ?

Lorsqu’on ne s’intéresse qu’à ce qui en l’autre nous ressemble (dans ses idées, ses valeurs, ses comportements), on a pour lui un sentiment égoïste : ce que l’on aime ainsi en l’autre, c’est soi même. Or le respect peut-ilêtre un sentiment intéressé ? Ne respecte-t-on que pour soi-même, éventuellement pour être respecté en retour. Ce n’est pas l’avis de Kant, pour qui le respect est le seul sentiment purement désintéressé car il ne provient pas de notre sensibilité mais de notre raison ; il n’a pas pour but notre bonheur personnel, il est gratuit et s’adresse aussi bien à celui que l’on aime qu’à l’inconnu.II) Le respect se fonde alors sur la différence radicale entre autrui et nous

1) L’autre est porteur d’une différence radicale.

Comment définir l’autre par rapport à moi, si ce n’est à partir de ses différences (physiques ou psychologiques, comportementales ou morales) ? L’autre peut me ressembler, mais il reste avant tout différend de moi. Lévinas exprime cette idée par la…