L’armée des ombres

Lui aussi marqué par l’exécution, Félix marchant dans une rue de Nice est interpellé par un ancien camarade de régiment, Jean-François Jardie (Jean-Pierre Cassel), un homme séduisant et athlétique, amoureux du risque, mais discret et fiable. Jean-François accepte l’offre de Félix de s’engager, par ennui et goût de l’aventure, et entre dans la Résistance, menant avec succès plusieurs opérationsd’importance croissante. Lors de sa première mission à Paris, il fait la connaissance de Mathilde (Simone Signoret, dans un rôle inspiré de Lucie Aubrac) qui sous l’apparence d’une ménagère anonyme est en fait une pièce maîtresse du réseau de Gerbier, à l’insu de son mari et de sa fille. Sa mission accomplie, Jean-François rend une visite-surprise à son frère aîné Luc (Paul Meurisse, dans un rôleinspiré de Jean Cavaillès), qu’il surnomme « Saint-Luc », philosophe de renom qui mène une vie érudite et contemplative dans son hôtel particulier du seizième arrondissement.

Pendant ce temps, Gerbier s’est installé à Lyon et y prépare avec Félix son voyage au quartier général de la France libre à Londres. Il doit embarquer de nuit sur un sous-marin britannique au large de la côte atlantique avecun groupe d’aviateurs abattus. Jean-François et Le Bison assureront la sécurité de l’opération. Au dernier moment, Gerbier informe Félix que le Grand Patron, le chef de leur groupe, dont l’identité est un secret jalousement gardé, sera lui aussi du voyage. Après que tous les autres ont embarqué, Jean-François conduit le Grand Patron jusqu’au sous-marin dans l’obscurité totale, puis retourne àterre sans jamais avoir vu son passager. Ce n’est que lorsque celui-ci est à bord que la lumière se fait sur le Grand Patron, qui n’est autre que Luc Jardie.

À Londres, Gerbier reçoit un appui logistique renforcé pour son réseau et Jardie est fait Compagnon de la Libération en privé par Charles de Gaulle lui-même. Gerbier doit cependant écourter son séjour lorsqu’il apprend l’arrestation de Félixpar la Gestapo. Il est parachuté en France, et abrité près d’Annecy en toute connaissance de cause par le baron de Ferté-Talloire, royaliste convaincu qui déteste l’occupant encore plus que la République. En l’absence de Gerbier, Mathilde a pris le commandement et se révèle un chef exceptionnel. Elle a appris que Félix est détenu sous garde renforcée par la Gestapo à Lyon et met au point unaudacieux plan d’évasion : à bord d’une fausse ambulance, elle affirmera avoir été envoyée pour ramener Félix à Paris. Il faut prévenir Félix pour garantir le succès du plan mais Mathilde, malgré toute son ingéniosité, n’en trouve pas le moyen. Jean-François, qui a assisté en silence à toutes les discussions, prend sa décision. Il rédige une lettre de démission à Gerbier et se dénonce à la Gestapo parune lettre anonyme. Pari gagné : après interrogatoire et passage à tabac, Jean-François est jeté dans la même cellule que Félix qui, torturé à répétition, est dans un état critique.

Mathilde ignore le geste de Jean-François, mais convainc tout de même Gerbier de mettre le plan à exécution, à condition que celui-ci ne participe pas à l’opération. Déguisée en infirmière militaire allemande, etaccompagnée du Bison et du Masque eux aussi en uniforme allemand, elle se présente en ambulance à la prison lyonnaise1 de Félix, porteuse d’un ordre contrefait pour le transfert de Félix à Paris. Elle accomplit le contrôle d’entrée dans un allemand parfait et l’ambulance pénètre dans la cour centrale de la prison au vu de Jean-François. Le médecin militaire de la prison examine Félix dans sa celluleet le déclare intransportable, confiant à Jean-François qu’il ne survivra pas à ses blessures. Mathilde n’a d’autre choix que de prendre la nouvelle avec flegme et de repartir bredouille. Jean-François a sur lui une pilule de cyanure et l’offre à Félix pour lui donner la possibilité de mettre fin à ses souffrances de prisonnier en se suicidant ; il lui fait croire qu’il en a plusieurs.

Serré…