Philo

Cette théorie envisage les différents états culturels comme des étapes plus ou moins avancées dans un processus de développement linéaire qui conduit fatalement toutes les sociétés à un même point :le point d’excellence, celui justement qu’aurait atteint la société occidentale avec la révolution industrielle.

Cette représentation de l’histoire prétend asseoir sa légitimité sur uneclassification objective : celle des techniques et de leurs complexifications croissantes. Ainsi sait-on ou croit-on savoir que :

« L’Europe actuelle fut d’abord habitée par des espèces variées du genre Homose servant d’outils de silex grossièrement taillés ; à ces premières cultures en ont succédé d’autres, où la taille de la pierre s’affine, puis s’accompagne du polissage et du travail de l’os et del’ivoire ; la poterie, le tissage, l’agriculture, l’élevage font ensuite leur apparition associés progressivement à la métallurgie dont nous pouvons aussi distinguer les étapes. » :« L’âge de pierre », « l’âge de feu », « l’âge de fer » : si les formes successives de techniques s’ordonnent dans le sens d’une évolution et d’un progrès, on peut bien établir une hiérarchieet penser que certaines sont supérieures en complexité et en efficacité à d’autres, moins savantes, moins astucieuses. C’est sur ce constat apparemment objectif que s’établit par analogie uneclassification culturelle des sociétés humaines qui reproduit donc la discrimination hiérarchique en prenant comme critère le développement technique. Le travail de Lévi-Strauss dans Race et Histoire (1952)a justement consisté à démystifier ce faux évolutionnisme.

D’abord, il dénonce les simplifications qui font croire à une succession chronologique rigoureuse alors que ces différentes techniquesont largement coexisté dans le temps et l’espace et constituent non pas des étapes d’un progrès à sens unique mais des « faciès » d’une réalité technique hétérogène dans ses formes. « Le progrès n’est…