Michel villey
Michel Villey, né en 1914 et mort en 1988, est un philosophe français et un historien du droit. Professeur agrégé de droit, il a écrit de nombreux ouvrages et a fait renaître en France la philosophie du droit. Sa pensée conservatrice témoigne de l’originalité avec laquelle il défend ses positions ; il est souvent qualifié de « réactionnaire ».
Auteur à la pensée classique, il a consacré unepartie de sa carrière à définir l’origine de notre droit et son évolution jusqu’à nos jours par une réflexion pluridisciplinaires.
Ainsi, on peut se demander comment Michel Villey perçoit-il le droit et sa mise en application ?
Pour répondre à ces interrogations, nous verrons dans un premier temps la définition qu’il donne au droit puis nous analyserons sa critique sur la finalité du droitaujourd’hui.
I- Une définition du droit.
L’enjeu central dans la pensée de Michel Villey est la « redécouverte » de la nature du droit. Pour expliquer l’origine du droit, il utilise une méthode historique remontant jusqu’à l ‘antiquité, berceau de nos civilisations Européennes. Différent de nombreux de ses contemporains, il met en avant la nécessité de porter une réflexion sur le droit, àla fois d’un point de vue juridique et philosophique1 en s’interrogeant sur les finalités du droit .
Il se base sur les doctrines classiques des auteurs comme Aristote, Saint-Thomas pour identifier la justice comme une finalité du droit.
Dans sa signification générale, la justice est : « la somme de toutes les vertus », cette définition qu’il reprend d’Aristote nous présente le sens commun decette dernière.
Cependant, afin de mieux saisir le mot « droit », il commence par l’étude du terme to dikaion qui signifie à la fois « le juste » et « le droit ». Par cela, nous devons comprendre que c’est l’art qui tend vers « la chose juste » et qui est extérieur à l’homme. C’est le juriste qui a le pouvoir de déterminer le « juste partage des biens et des charges dans le groupe » 2 endéfinitive, ce qui nous appartient et qui entre dans nos droits. Alors, il pratique une « justice distributive » (traduction trompeuse) c’est à dire, une juste proportion entre la qualité des choses distribuées et les qualités des personnes, pour arriver jusqu’au « juste milieu », soit un équilibre entre les deux. Pour y arriver l’art judiciaire utilise une méthode dite « dialectique » en confrontantles opinions et les exemples. Par exemple, un cordonnier et un architecte qui ont des métiers de qualités différentes auront des droits inégaux 3. Il en découle que la chose juste est pour Villey un « juste rapport objectif », « une juste proportion » donc un rapport d’égalité. La conception Villeyenne du droit n’est possible que lorsqu’il y a une acceptation de la chose juste et qu’il estappliqué à individus lors du
partage. Selon l’auteur, pour comprendre le droit il faut ainsi comprendre la pensée juridique développée au cours de l’histoire.
Selon lui le droit est une relation d’un point de vue métaphysique4. En effet, dans les relations juridiques5 on remarque que des liens se forment entre deux éléments comme par exemple entre un créancier et un débiteur et ainsi une sorte dedépendance existe.
Par cette analyse, Villey veut montrer aux juristes de son époque, la nécessité de se tourner vers la philosophie du droit d’Aristote, pour comprendre le rôle du droit naturel, thème qu’il défend face au droit positif, dans la formation du droit en politique.
(1) Cf M.VILLEY, le droit et les droits de l’homme ; la philosophie du droit.
(2) ARISTOTE explique que c’est uneforme de justice particulière
(3) M.VILLEY, Le droit et les droits de homme. Chapitre 4 « une découverte d’Aristote ».
(4) Cf. M. VILLEY, philosophie du droit I et II.
(5) Relations réelles chez les Scolastiques.
Pour Michel Villey, la théorie aristotélicienne du droit est à prendre en considération à l’intérieur du droit romain. Professeur d’histoire, il porte également un regard…