La vie devant soie

Mohammed, alias Momo, est logé par Madame Rosa, ancienne prostituée juive de près de 70 ans, qui termine sa carrière en faisant pension pour des enfants de putes. « Tout ça c’est des histoires demômes qui n’avaient pas pu se faire avorter à temps […]. Quand une femme est obligée de se défendre, elle n’a pas le droit d’avoir la puissance paternelle, c’est la prostitution qui veut ça. Alors ellea peur d’être déchue et elle cache son môme pour ne pas le voir confié » (p. 19, cf aussi p. 73). C’était déjà inhumain en 1975, et M. Sarkozy a encore aggravé ce statut par ses lois de 2003. MadameRosa s’occupe de tout contre une mensualité qui la plupart du temps est oubliée. Madame Rosa est une rescapée des camps nazis, et vit dans la hantise d’être reprise par la Gestapo. Elle a menti àMohammed sur son âge, elle lui a donné quatre ans de moins pour qu’il reste plus longtemps avec elle, parce qu’elle l’aime bien. Elle est une spécialiste en « faux papiers en règle » (p. 186). Ce récità la première personne est l’histoire d’amour de ce petit garçon élevé dans l’islam pour cette « putain juive », qui l’accompagne jusqu’à la mort et même au-delà, prêt à tous les mensonges pouraccéder à sa dernière volonté de ne pas mourir à l’hôpital mais chez elle, ou plutôt dans son « trou juif » (p. 62). Momo a son langage à lui, il confond « avorter » et « euthanasier » par exemple. Il y aaussi le truculent personnage de « Madame Lola », « qui était une travestie de quatrième étage qui travaillait au bois de Boulogne et qui avait été champion de boxe au Sénagal » (p. 16) ; « elleplaisait beaucoup car lorsqu’elle s’ouvrait elle avait à la fois des belles niches et un zob » (p. 143). Je ne me souviens pas de la version filmée, mais Madame Lola vous a des faux airs almodovariens. Lerécit regorge de personnages secondaires populaires, juifs, arabes, noirs ou Français d’origine (on ne disait pas encore Gaulois), par exemple le polygame M. Waloumba (p. 173). Momo découvre sa…