La vrise de la culture, hannah arendt

Hannah Arendt, La crise de la culture,
Huit exercices de pensée politique

La Crise de la culture, Huit exercices de pensée politique traduit sous ce titre de l’anglais Between Past and Future, Eight Exercises in Political Thought, est un ouvrage d’Hannah Arendt. La première édition date de 1961, celle-ci était composée de six essais. Mais la seconde édition, qui parue en 1968, fut composée dehuit essais et d’une importante préface.

Préface : La brèche entre le passé et le futur.
Dans la préface, Hannah Arendt commence par une citation de René Char, « Notre héritage n’est précédé d’aucun testament ». Cet aphorisme traduit la pensée générale de l’auteur qui semble sonner comme une variation de la phrase de Tocqueville, « Le passé n’éclairant plus l’avenir, l’esprit marche dansles ténèbres ». C’est donc une situation sans issue que Hannah Arendt tente de décrire. Ainsi, elle fait appel à l’une des paraboles de Franz Kafka qui est, selon elle, la seule description exacte de cette situation. L’épisode mis en scène par cette parabole prolonge les évènements dont il ne reste que la substantialité dans l’aphorisme de René Char. Le combat de Kafka se situe donc entre deuxmoments, celui où le cours de l’action a eu lieu et celui de l’attente de l’histoire, qui en fut l’aboutissement, d’être parachevé « dans les consciences qui en héritent et la questionnent ».
Cependant, le développement de la conscience moderne a été précédé, du moins au XXème siècle, par deux actes préalables. Avant le temps de l’action de la génération de René Char, il y eut une autre, plusancienne, qui pour sortir des embarras philosophique, s’était orientée vers la politique, délaissant la pensée pour l’action. Cette génération vit naître les hommes qui furent les porte-parole et les créateurs de ce qu’ils nommèrent l’existentialisme, du moins en France. L’action ne permit pas de dissoudre les embarras philosophiques, mais toutefois, elle permettait de vivre avec, sans sombrer dansl’hypocrisie.
Ce premier acte éclaire l’ironie du second puisque René Char dans l’imminence de la libération, c’est-à-dire le fait d’être libéré de l’action, lance un appel à la pensée. Ainsi se dessine l’image d’un cercle, celui de la pensée vers l’action-de l’action vers la pensée.
Reprenant la métaphore de Kafka, Hannah Arendt précise que la brèche où « il » se tient n’est pas un simpleintervalle mais plutôt un parallélogramme de force. L’action des forces constitue le parallélogramme, et abouti à une troisième force. Cette dernière s’exercerait en diagonale et verrait son origine dans le point de rencontre des forces initiales. De plus, elle serait infinie en ce qui concerne sa fin. De ce fait elle est différente des deux autres qui elles ont une origine infinie mais ont un pointd’aboutissement. C’est donc sur cette diagonale que se trouvent le cours des pensées et la position à partir de laquelle il devient possible de juger les forces en présence.
Du fait que l’homme n’est ni équipé ni préparé pour cette activité de pensée, la brèche entre le passé et le futur fut comblée, durant des millénaires, par ce qu’il a appelé la tradition. Celle-ci fut usée avec l’avance de l’âgemoderne. Et finalement lorsque le fil de la tradition céda, la brèche entre le passé et le futur devint une réalité et un problème pour tous, en d’autre terme, elle devint un fait de l’ordre du politique.
Kafka se réfère à l’expérience, plus précisément à celle qui est propre à la pensée puisqu’il s’agit d’un phénomène mental. Elle peut être apprise par la pratique ou par des exercices. Ainsi,Hannah Arendt précise que les huit essais composant l’ouvrage La crise de la culture, car étant des exercices, ont pour seul objectif d’acquérir l’expérience sur les modalités de penser, se préoccupant seulement de savoir comment se mouvoir dans cette brèche. Les trois premiers chapitres de ces exercices de pensée politique sont plus critiques qu’expérimentaux et les cinq derniers plus…