Swatch
L’INDUSTRIE HORLOGERE SUISSE
1985 est considérée comme une bonne année pour l’industrie horlogère suisse. Le nombre de montres finies et exportées a atteint 41% de la production, soit 25.1 millions et la valeur des exportations de montres s’est accrue de 12.2%. Les montres de luxe sont toujours l’épine dorsale du commerce de la montre suisse, comptant pour 2.1% des envois en nombre mais41.8% du total des revenus. En 1985, la Suisse a accru sa part de marché mondial jusqu’à à atteindre 10% en volume (nombre d’unités vendues) et 45% en valeur (voir annexes 1 et 2). Pour la première fois en 15 ans, une croissance de l’emploi a été enregistrée car 1000 emplois ont été créés. La bonne performance de l’industrie Suisse, combinée à une bonne année en 1984, montre que l’industrie horlogèresuisse est à nouveau sur pied après une dizaine d’année de durs combats.
Ce retour a été induit par succès de Swatch (mélange de termes anglais « Swiss » et « Watch »). Plus de 10 millions de ces montres colorées ont été vendues dans le monde en 1984-1985. Le succès le plus notable a été enregistré aux USA où la dernière action de Swatch a été de lancer un programme de diversification destiné àtransformer l’entreprise en une entreprise de mode.
Que cette transformation de la ligne de produits Swatch s’avère un succès, cela reste à prouver. Ce qui est par contre sûr, c’est que la montre Swatch a donné une vie nouvelle et une part de marché accrue à une industrie qui était, il y a, peu, engagée dans un très dur combat contre les concurrents asiatiques. Ce qui est sûr aussi est que lavolonté de Swatch de rompre avec une tradition, en particulier dans le domaine de la stratégie marketing, lui a procuré un avantage dans ce qui est devenu un vaste nouveau marché, la montre bon marché accessoire de mode.
L’industrie suisse resta leader jusqu’à la moitié des années 1970 lorsque la production de masse de montres électroniques changea complètement l’industrie horlogère. Ladifférence la plus importante entre une montre électronique et une montre mécanique est que la première est beaucoup plus facile à produire. Une montre mécanique est un ensemble de pièces imbriquées les unes dans les autres et dont l’assemblage nécessite une main d’œuvre hautement qualifiée. Une montre électronique est faite de circuits imprimés et de puces électroniques utilisant une production demasse et des processus automatisés. Après avoir dominé l’industrie horlogère pendant des décennies, les Suisses ont dû soudainement faire face à une concurrence en provenance du Japon où la production est très concentrée et des producteurs ayant de faibles coûts salariaux comme Hong Kong, Singapour, Taiwan et la Corée du Nord. Ces nouveaux concurrents produisent des montres à des prix peu élevés(alors qu’en 1972, un module de montre numérique coûtait 200 dollars, le même module ne coûtait plus que 0.50 dollars en 1984), avec des écrans digitaux, qui étaient plus précis que des montres mécaniques. Ce mouvement s’accompagna d’une dépendance des assembleurs envers les gros fabricants de mouvements (ex : Saïka, Citizen, etc.).
Bien que ce soient les suisses qui aient commercialisé lapremière montre électronique à quartz, ils ont été les plus longs à reconnaître l’importance de cette nouvelle technologie. Des producteurs, petits et fragmentés, avaient tout intérêt à conserver les choses en l’état. La nouvelle technologie n’avait pas fait ses preuves et la position de la Suisse était très Sûre. De toute façon, les Suisses furent très lents et hésitants pour entrer dans ce nouveaumarché dont les règles étaient différentes. Dans les années 1970, par exemple, ces montres électroniques étaient distribuées massivement par des circuits tels les grands magasins et les supermarchés. Cela était totalement opposé à la pratique des Suisses qui commercialisaient leurs montres dans les magasins spécialisés ou les bijouteries. Les Suisses continuaient à produire des montres dont le…