La république de platon: l’éducation
Le thème de l’éducation est d’une importance majeure dans La République. En effet, celui-ci représente une condition nécessaire (mais non-suffisante) à la réalisation d’une cité juste. La nécessité d’une bonne éducation, dès l’enfance, provient du fait qu’elle est essentielle pour équilibrer l’âme de l’individu. Or, on sait que, pour Platon, la justice dans la cité est concomitante à celle ausein de l’individu. On sait aussi que l’âme est divisé en trois parties: la partie rationelle (logos), la partie dynamique et vive (thumos) et la partie désirante (epithumia). De plus, chaque classe dans la cité représente une partie de l’âme. Les dirigeants (ou rois-philosophes) personnifient la partie meilleure, c’est-à-dire la raison. Pour la deuxième partie, le thumos, elle est attribuable auxguerriers (ou auxilliaires). La dernière division de l’âme, la partie désirante, représente la partie de la cité la plus massive (en terme de nombre d’individus), c’est-à-dire la troisième classe qui comprend tout le reste (producteurs et artisans surtout). Ceci est très important pour comprendre à qui doit s’adresser l’éducation platonicienne et envers quel but elle est exercée.
Avant d’aborderle programme d’éducation platonicien, il faut tout de suite mentionné un principe fondamental pour la philosophie de l’éducation pour Platon. Pour celui-ci, il est clair que l’éducation doit se faire dès l’enfance car c’est à ce moment-ci qu’il est le plus influençable, «…tu sais bien qu’en toute tâche, la chose la plus importante est le commencement et en particulier pour tout ce qui est jeuneet tendre? C’est en effet principalement durant cette période que le jeune se façonne et que l’empreinte dont on souhaite le marquer peut être gravée.» (377b). Il faut interpréter ceci au sens fort, la jeunesse est le moment crucial pour entamer le processus du façonnement du caractère et de l’âme. On voit bien ici l’importance extrême d’une bonne éducation. En effet, si un jeune a été éduqué pardes mauvaises influences (des sophistes par exemple), il est condamné à être corrompu, « un caractère ne se modifie pas-aucun ne s’est modifié ni se modifiera jamais-s’il est éduqué selon l’éducation transmise par ces gens-là…» (492e).
À qui l’éducation platonicienne s’adresse-t-elle?
Seulement le thumos et le logos peuvent être éduqués directement pour Platon. La partie désirante de notre âmene peut être que contenue ou contrôlée. En effet, Platon a une vision très pessimiste de cette dernière partie de l’âme. Même si quantitativement elle correspond à la classe la plus nombreuse dans la cité juste, il ne s’intéresse pas au rôle du désir ,car il ne peut être éduqué. Cette partie a néanmoins une fonction, celle d’assouvir nos désirs de survie (boire et manger), mais ceux-ci ne sontpas suffisants pour la conception d’une cité juste. Il ne faut pas oublier que Platon se méfie de tout ce qui a trait au corps, car celui-ci est destiné à se corrompre. Pour lui, les plaisirs corporelles ne sont d’aucune utilité, sauf si ceux-ci permettent à l’individu d’atteindre le bonheur de l’âme véritable (préséance de l’âme sur le corps).
Il faut donc convenir que l’éducation correspondseulement à la classe des guerriers et à la classe des dirigeants, « Il est donc impossible, dis-je, que la multitude soit philosophe.» (494a). Pour Platon, ceci est suffisant puisque si les philosophes dirigent la cité par rapport aux finalités de toutes les techniques, la cité dans sa globalité sera juste. Il en est de même pour notre âme, si la partie rationnelle a été éduquée, elle pourra contenirles excès de la partie désirante. Quant à la classe des guerriers, ceux-ci doivent être formés afin d’être des alliés des dirigeants. En effet, il faut pencher le thumos du bon bord, c’est-à-dire le conditionné à être l’allié naturel de la raison. Un des rôles de l’éducation est donc de maintenir le désir, qui correspond à la partie la plus chaotique et bestiale de l’âme, afin que la raison…