Les déficiences physiques et infirmités dans fin de partie de becket
Plan:
Introduction
I) Le poids des infirmités
a) Un corps atrophié
b) Une obsession aliénante
II) Expressions de la condition humaine
a) Proximité de la souffrance
b) Une dégradation naturelle en commun
c) Le handicap pour percevoir l’espace
Conclusion
Introduction:
Samuel Beckett (1906 – 1989) est un écrivain, poète et dramaturge irlandais d’expressions anglaise etfrançaise. Il crée Fim De Partie en 1957, pièce qui sera écrite en français. Cette oeuvre met en scène 4 personnages : Hamm , Clov , Nagg et Nell, ceux-ci étant tous infirmes. Le corps est une donnée essentielle de la condition humaine. Au théâtre, le corps est l’incarnation du personnage et ceux de Fin De Partie exhibent leur infirmité sur scène, parlent sans pudeur de leurs maux. Dans l’oeuvre de SamuelBeckett, le corps souffrant est un motif essentiel. Nous nous demanderons donc quel est le rôle des déficiences physiques et des infirmités dans Fin De Partie. Nous verrons tout d’abord le poids des infirmités puis les expressions de la condition humaine.
I) Le poids des infirmités
a) Un corps atrophié
Les infirmités des personnages de Fin de partie atteignent leur capacité à sedéplacer et leurs sens. Tous en effet sont infirmes, à des degrés divers. Ainsi Nell et Nagg sont cul-de-jatte depuis un « accident de tandem » qui leur coûta leurs « guibolles » : ils vivent sur leurs « moignons », dans des poubelles, autrefois remplies de sciure, maintenant de sable, qui n’est plus changé. Leur décrépitude physique les empêche de s’embrasser, de se gratter ; on sait aussi que Nagg aperdu sa dent (la seule qui lui restait ?), qu’ils se voient mal, bien que leurs poubelles soient « l’une contre l’autre », et que leur ouïe, ou du moins celle de Nell, qui fait répéter son mari, a baissé. Hamm, quant à lui, est paralysé, aveugle : il reste assis dans son fauteuil roulant, poussé par Clov, porte des lunettes noires et dit que ses yeux sont « tout blancs ». Sans doute souffre-t-ild’autres maux puisqu’on le voit au lever de rideau avec « un grand mouchoir taché de sang étalé sur le visage » (page13) ; Clov lui demande d’ailleurs s’il a saigné, et Hamm répond : « Moins. » (page 13). Hamm prend aussi un « calmant », qu’il attend (pages 19,24,38,50,65) pendant une grande partie de la pièce, mais qu’il ne pourras finalement pas prendre. Clov est le seul valide : il marche, certes,mais sa « démarche [est] raide et vacillante », il ne peut pas s’asseoir, traîne les pieds au point qu’ « on dirait un régiment de dragons », ses jambes vont mal. Ses yeux vont mal aussi, il a des visions, sur lesquelles on peut s’interroger, mais qui semblent assez habituelles pour que Hamm lui demande : « Tu as eu tes visions ? » (page 57), ce à quoi Clov répond : « Moins. », comme Hamm à proposde ses saignements. L’impotence le gagne lentement, et la dégradation physique qui l’affecte atteint aussi son intelligence, puisqu’il déclare : « J’ai mal aux jambes, c’est pas croyable. Je ne pourrai bientôt plus penser. » (page 64)
Ces infirmités rendent la présence du corps obsédante. En effet, le corps et son langage occupent la première place dans la pièce: les personnages parlent de leurcorps, de leur infirmité, et les didascalies qui indiquent ce que font les corps, c’est à dire toute espèce de déplacement ou de tentative de déplacement, comme le mouvement dérisoire de Nagg et Nell qui tentent de s’embrasser, sont omniprésentes. Et de fait, c’est le corps qui impose ses exigences et qui fonde l’aliénation au sein du couple beckettien.
b) Une obsession aliénante
Sil’on répertorie les troubles dont souffrent ces personnages, on est surpris de constater que ce sont toujours les mêmes. Tous marchent difficilement, ou sont impotents. En outre, certains sont aveugles ou ont de mauvais yeux. Or, on peut remarquer qu’une relation constante met toujours face à face un personnage qui souffre de troubles de la marche et qui est menacé d’impotence, et un…