Dissertation
Jeudi 25 mars Rédaction du commentaire sur
le dénouement de Bérénice.
2nde 3 Français
En 1670, dans sa préface de Bérénice, Racine, en admettant avoir rechercher une « simplicité d’action » qui peut passer pour « une marque de peu d’invention », mais qui présente pour lui « plus d’avantage » et qui prouve aisément sa force imaginative, en faisant « quelque chose de rien »,estime avoir écrit une tragédie qui ne finisse pas nécessairement avec du « sang et des morts ». Pour lui, il faut qu’avant tout le dramaturge puisse savoir produire l’effet « de plaire et de toucher » à la fin de sa pièce, afin de chercher un caractère d’universalité. Il faut donc des « passions », des sentiments forts, prouvés par des personnages « héroïques », c’est-à-dire grands, animés pardes sentiments élevés. Ainsi, Racine veut une fin sous l’effet de la violence des passions pour faire ressentir « cette tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie », c’est-à-dire de savoir convenir et émouvoir les spectateurs. Dans l’acte V, scène 7 de la pièce où elle est à son dénouement, nous nous demanderons comment ce dénouement est une résolution tragique conforme au projetformulé Racine. Nous verrons tout d’abord le dénouement en lui-même qui tend ensuite vers une résolution du dilemme, et enfin à la réalisation du tragique racinien.
La scène présentée est le dénouement de la pièce; elle termine l’action théâtrale.
Les trois personnages principaux, Titus, Bérénice, et Antiochus, sont réunis pour la première fois: les personnages vont pouvoir résoudre le nœud del’intrigue que forma le dilemme entre l’amour et le pouvoir pour Titus et Bérénice, appuyé par l’amour d’Antiochus pour celle-ci. Cela crée une certaine tension entre Titus et Antiochus dont Bérénice se place directement la victime comme le montre le vers 3: « En quelle extrémité me jetez-vous tous deux! », c’est-à-dire à la limite de ses sentiments; l’utilisation de la voix passif du verbe« jeter » ne fait qu’accentuer la position prise par Bérénice comme victime.
L’allitération du son « our » qui commence au vers 9 avec le mot « pourpre », et qui se retrouve surtout aux vers 12 avec les mots « jour » et « l’avouerai », puis au vers 13 avec « amours », qui forme une rime intérieur s’arrêtant à l’hémistiche avec « cours » qui s’arrête à la fin du vers, apparaissant encore quelque foisaux cours de la réplique de Bérénice, marque bien son trouble dans la démarche de la résolution du dilemme, ce son étant un son lourd et non serein.
En outre, la réplique de Bérénice marque une certaine individualisation, s’adressant tour à tour à Titus puis à Antiochus d’une façon différenciée.
Avec Titus, elle va vers la thématique de l’amour et du pouvoir, situant son discours en plein cœurde la pièce. Pour elle le dilemme n’existe pas, déclarant que son cœur n’a jamais « soupirer pour l’empire », et qu’il n’a jamais attiré ses « regards ». La répétition au vers 3 de « J’aimais », montre bien un terme contraire au dilemme, plaçant sous le point de vue de Bérénice un intérêt totalement basé sur l’amour.
A Antiochus, ton est très différent. Ne voulant pas donner d’ illusions àêtre aimé par elle-même, elle lui assure qu’elle ne va pas « loin de Rome [pour] écouter d’autres vœux », c’est-à-dire pour entendre les amours d’un homme qu’elle n’aime pas qui est en l’occurrence Antiochus. De plus, son discours envers lui est parsemé de verbes à l’impératifs comme « vivez », « faîtes-vous », « portez », etc, et est plus cours que celui adressé à Titus. Cela prouve qu’elle ne veutpas perdre de temps avec lui. Cela est suggéré en plus par la manque de ponctuation, et le fait qu’elle ne montre pas d’hésitation.
Toute la tirade de Bérénice, dans sa totalité, marque une interruption dans l’action théâtrale.
D’une part, part elle-même, dans son propre discours quand elle déclare au début de sa tirade « Arrêtez, arrêtez! », renonçant ainsi à la pièce, et attirant…