Les cafés parisiens

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Les Cafés Parisiens (Anne Rohan)
Les cafés font partie intégrante du paysage urbain parisien et contribuent au charme de la capitale. Certains d’entre eux sont très renommés et ont traversé l’Histoire ; ils ont été témoins de multiples changements sociaux. Ils sont des lieux d’inspiration, de création et une partie de notre patrimoine culturel.Ils sont intimement liés au mode de vie parisien. Les légendaires cafés, bistrots et cabarets de la capitale sont témoins d’une époque et ont fait connaître des moments de gloire aux quartiers qui les entourent.
Le café est importé en France dans la seconde moitié du XVIIème siècle. Ce breuvage exotique devient très rapidement à la mode, et des « cafés » ouvrent leurs portes dans la capitale.L’élite sociale se retrouve dans ces endroits propices à la discussion, à l’échange et à la rencontre, emprunts d’un rôle social important.
En 1684, le sicilien Francesco Procopio dei Coltelli ouvre le Café Procope, au 13 de la rue de l’Ancienne Comédie dans le sixième arrondissement. Il souhaite créer un endroit élégant, orné d’un beau mobilier avec de grands lustres, qui attirerait l’élitesociale.
En 1689, La Comédie Française ouvre ses portes près du café, ce qui incite les artistes, dramaturges et critiques littéraires à le fréquenter. Le café Procope devient donc le premier café littéraire et intéresse des écrivains comme La Fontaine et Marivaux.
En 1702, un certain Dubuison reprend la propriété du Procope, et il devient à la mode de s’y retrouver pour s’informer, parler delittérature et échanger ses idées. Au XVIIIème siècle, le Procope assiste à la naissance de nouveaux courants idéologiques. Il est en effet le foyer des Encyclopédistes tels que d’Alembert et Diderot, ainsi que d’autres philosophes et écrivains de la période des Lumières, comme Voltaire, Buffon, Rousseau, Montesquieu, Marmontel.

Les premiers révolutionnaires tels que Robespierre, Marat, Danton etDesmoulins ainsi que le Club des Jacobins fréquentent le Procope et s’y réunissent dans le but de trouver un moyen de renverser le pouvoir. Le premier bonnet rouge révolutionnaire fut paraît-il exposé pour la première fois au Procope.
Au XIXème siècle, ce sont les romantiques tels que George Sand, Alfred de Musset ou encore Verlaine, qui se rallient au Procope.
Aujourd’hui, le Café Procope aconservé sa notoriété ; c’est le plus ancien café de Paris et un des lieux mythiques de la capitale, car il est le témoin des nombreux bouleversements intellectuels qui ont eu lieu ces trois derniers siècles.
Au 19ème siècle :
Le XIXème siècle est véritablement l’âge d’or des cafés de Paris, notamment ceux des Grands Boulevards comme ceux des Italiens, des Capucines et de la Madeleine, qui sontles endroits phares de la capitale. Ils sont animés et attirent principalement les dandys et les bourgeois extravagants, venus y flâner pendant la période de la Restauration.
Sous le Second Empire (1852-1870), les cafés des Grands Boulevards tels que le Café de la Paix et le Café Tortoni, célèbre pour ses glaces, ainsi que les Café Riche et Café du Divan, sont appréciés par une élite festive etroyaliste. Ils sont

Tableau 1 Le Café de la Nouvelle Athènes, Jean-Louis Forain, gravure, 1877.
entre autres fréquentés par des écrivains comme Théophile Gautier, Balzac ou Gérard de Nerval.
Vers 1850, les artistes impressionnistes, rejetant l’académisme de l’Empire, se tournent vers les cafés de la Butte Montmartre (Café Fleurus, Café Guerbois, Café de la Nouvelle Athènes…). Ces lieuxsymboliques à l’ambiance particulière ont inspiré certains artistes tels que Cézanne, Degas ou Manet.
Tableau 2 Femmes à la terrasse d’un café. Edgar Degas, pastel, 1877
Loin du Paris luxueux de l’Empire, le prolétariat réside dans la périphérie, déplacé par les projets de travaux urbains du préfet Haussmann. Dans les « cabarets ouvriers » situés dans les faubourgs règne une atmosphère bien…