Pulsion de mort ; thanatos. intérêt philosophique
Sigmund Freud, né le 6 mai 1856 à Freiberg (République Tchèque) et mort le 23 septembre 1939 à Londres (Royaume-Uni), est un médecin neurologiste, fondateur de la psychanalyse. Médecin juif viennois, il fait la rencontre de plusieurs personnalités importantes pour le développement de la psychanalyse, dont il sera le principal théoricien. Son amitié avec Wilhelm Fliess, sa collaboration avecJoseph Breuer, sa rencontre avec de nombreuses personnalités, son passage à la Salpêtrière de Jean-Martin Charcot enfin vont le conduire peu à peu à penser autrement les processus psychiques, et en premier lieu, l’inconscient, le rêve et la névrose. Le Malaise dans la civilisation est une de ses œuvres principales datant de l’été 1929. Freud y expose plusieurs développements dont le fait que la cultureest édifiée sur du renoncement pulsionnel, car la vie en commun suppose une restriction de la liberté individuelle. Il exprime aussi la thèse selon laquelle le respect des exigences sociales est assuré par le père puis par le Surmoi (père intériorisé, faculté à s’auto-contraindre, conscience morale). La tension entre le Ça (principe de plaisir) et le Moi (principe de réalité), entre l’égoïsme(amour de soi) et l’altruisme (amour d’autrui), est source du sentiment de culpabilité de la conscience morale. Enfin, Freud nous explique que ces exigences sociales se manifestent dans la morale et la religion : ces discours tentent de légitimer et d’assurer le renoncement au plaisir égoïste. Cependant, l’un des éléments principaux de Malaise dans la civilisation est le sempiternel dualisme entreEros et Thanatos, qui personnifient respectivement la pulsion de vie et la pulsion de mort. Ces deux pulsions fondamentales ne peuvent être pensées séparément, elles œuvrent toujours ensemble, en une sorte d’amalgame et sont indissociables. En sommes, c’est cette lutte menée par ces deux entités qui définissent l’homme dans son ensemble.
Nous nous concentrerons sur Thanatos, c’est-à-dire, lapulsion de mort et donc la pulsion destructrice qui en résulte. Il s’agit donc ici de se demander pourquoi et comment une telle hypothèse de la pulsion de mort comme appartenant au domaine de la psychologie — a fortiori de la psychanalyse — peut être intéressante et féconde pour une recherche philosophique portant sur la nature de l’homme. Comment définir une telle pulsion, quel en est le mécanisme ?En somme, quelle signification proprement philosophique accorder à une telle hypothèse psychologique ?
Nous débuterons par définir les termes importants à la compréhension du sujet dans son ensemble afin de cerner les différentes nuances. Après, dans une seconde partie, nous expliquerons le concept freudien de la pulsion de mort. D’abord dans sa première topique puis, dans la seconde quimarque sa radicalisation. Ensuite, nous verrons que cette pulsion permet de comprendre, sur le plan philosophique, la nature de l’homme et nous expliquerons comment grâce à la pulsion de mort, on peut arriver à donner une définition de l’existence et un sens à la vie.
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Plusieurs termes doivent être définis afin de réussir à comprendre ce sujet dans sa globalité, le tout premier est la pulsion.Du latin pulsio (action de pousser), elle est définie par Freud comme une poussée ponctuelle et motrice qui vise à une satisfaction dont elle est le moyen initial. Ce serait une énergie à la frontière du corps et du psychisme. De fait, la pulsion est un phénomène dynamique produit par une force impliquant une énergie. Celle-ci se caractérise par une poussée, une charge énergétique, qui prend sasource dans une excitation corporelle. Le but étant de résoudre la tension présente au moyen d’un « objet » grâce auquel la satisfaction est obtenue.
Ainsi, la pulsion de mort nous conduit à vouloir retourner à l’état anorganique, selon Freud, car dans l’histoire de l’évolution, le vivant est venu après le non-vivant. Notons que l’état anorganique est un état qui ne connait aucune tension….