Diderot

Le 18ème siècle et Diderot
Diderot pratique une hybridation des genres encore actuelle. On s’accorde de plus en plus à faire de lui le théoricien moderne du théâtre et le premier à avoir écrit àpropos d’une esthétique de la scène.
On ne joue plus de drames bourgeois, mais c’est à partir d’eux que se développe l’idée du drame moderne. C’est une question de moralisation. Diderot envisage unemoralité de l’art et une fonction didactique du théâtre ; ce qui rend ses drames injouables actuellement. Autant il est à l’aise dans le mélange des genres dans le roman, autant il a des raideurs dans lamise en scène pratique au théâtre. Cf ses discours Entretien sur le fils naturel, Discours sur le poème dramatique, Paradoxe sur le Comédien.
Dans les deux premiers, il plaide pour un systèmedramatique non plus fondé sur la séparation des genres, mais allant chercher ailleurs dans l’intervalle entre tragédie et comédie, sur un axe avec des variantes possibles ; genre moyen situé entre lesdeux extrêmes. Pour lui, dans la nature -sa grande référence- les extrêmes sont rares, contrairement aux intermédiaires. C’est ce que J.-P. Sazerat appelle « la nébuleuse du genre bourgeois » dans leprolongement de ce que définissait Diderot : « avantage du genre sérieux ; il a des ressources, soit qu’il s’élève, soit qu’il descende ».
Dans le Discours sur le poème dramatique, il fait le bilan deson entreprise. Pour lui, Le Fils naturel est un milieu, Le Père de famille plutôt une comédie et il espère écrire un drame plus du côté de la tragédie ( la tragédie domestique réalisée enAngleterre, puis en Allemagne avec Lessing ).
Si l’on abandonne la pureté des genres, on obtient une hybridation et une variabilité, ce que d’Aubignac appelait « œuvre impure » mais que Diderot dit « souple ».Il reprend les discours de Corneille et revendique des « bourgeois dans le drame, des nobles dans la comédie » : le philosophe, le magistrat, le seigneur, l’homme de lettres et non exclusivement le…