C’est moi
La production
de l’autonomie
Sociologie et politique
Lectures
par Jean Zin
Individu et société, autonomie et démocratie de marché.
Norbert Elias, La société des individus 1
Hannah, Arendt, Condition de l’homme moderne 5
Marcel Gauchet, Le désenchantement du monde 9
Marcel Gauchet, La religion dans la démocratie 13
Alain Ehrenberg, La fatigue d’être soi17
Claude Lefort, La complication 23
Cornélius Castoriadis, Le projet d’autonomie 31
Michel Foucault, La production de soi 37
Henri Laborit, De la biologie à la société de l’information 43
http://etatsgeneraux.org/economie/
A la base de chaque être, il existe un principe d’insuffisance
Georges Bataille, Principe d’incomplétude
Nous n’avons pas à défendre lasociologie plutôt que l’économie comme le voulait Habermas contre ses maîtres, ce que nous défendons ici, c’est une « sociologie » s’ouvrant à toutes les dimensions de l’histoire, une sociologie reliant les aspects séparés de la vie, dépassant l’opposition sujet/objet, individu/société jusqu’à se vouloir écologie comme Fernand Braudel en faisait déjà le projet, c’est-à-dire jusqu’à se faireépistémologie (Bateson) ou généalogie du savoir (Foucault).
La question de l’individu doit être posée dans son processus historique ainsi que celle de l’autonomie comme production sociale pour juger des possibilités du moment. Concrètement cela signifie reconnaître la souffrance de l’individu autonome afin de lui fournir un soutien institutionnel, revenu garanti et développement humain.
Jean Zin
Lasociété des individus, Norbert Elias
Fayard, 1991 Unité et séparation de l’individu et de la société.
L’individu comme intériorisation des contraintes et différenciation
Le besoin d’autonomie va de pair avec celui d’appartenance au groupe social. 202
On ne change pas d’identité collective comme on change de chemise. 291
– La question de l’individu
L’individu n’a pas toujoursexisté, c’est une apparition récente dans l’histoire dont on peut suivre le processus de formation. La notion d’individu est au coeur de l’écologie et Norbert Elias donne des formulations exemplaires des rapports de l’individu et de la société, en montrant que l’individu est un produit de la société. Ce pourquoi il réfute même le terme d’environnement pour ce qui constitue un tissu de relations etd’interdépendances, l’individu n’étant lui-même, comme pour Bateson, qu’un noeud de relations.
L’individu est aussi au coeur de la question du libéralisme et de la refondation sociale. Son actualité n’est pas seulement la tentative du patronat d’individualisation et de contractualisation, c’est surtout une tendance de fond qui affecte toutes les sphères de l’existence (école, famille, travail)en délégitimant le politique (Gauchet) jusqu’à laisser l’individu autonome mais incertain à la « fatigue d’être soi » (Ehrenberg). Ici se dessine une filiation de Norbert Elias (Gauchet, Ehrenberg, Castel) auquel on peut ajouter Kaufmann (qui vient de sortir un livre sur l’Ego où il a raison d’insister avec Castel sur la propriété comme constitutive de l’individu). Il y a bien d’autrescontestations actuelles de l’individualisme comme Benassayag (Le mythe de l’individu). C’est la question du moment, de la production de soi exigée par la nouvelle économie et qui nous laisse à une interminable solitude. Cela vaut qu’on s’y arrête en revenant aux thèses lumineuses de Norbert Elias. Notons qu’on aura ici une explication un peu plus plausible de la normalisation culturelle que les causesmétaphysiques d’Hannah Arendt (Heidegger, Derrida, etc.) faisant vainement de Descartes son épouvantail et, au lieu d’assister à la mort de l’individu originel, nous sommes plutôt au début de l’individualisation, du processus de civilisation (comme Sloterdijk fait de la technique l’humanisation de l’homme et non l’oubli de l’être).
– Civilisation, répression, monopole, empire
On peut passer à…