Analyse d’oeuvre « les demoiselles à la rivière » de matisse.

Arts plastiques
TL – spécialité
Analyse d’œuvre
Faites l’analyse de l’œuvre présentée sur ce document.
Document. – Les demoiselles à la rivière – 1916-1917 ,
Henri Matisse (1869 – 1954),
(huile sur toile, 262 x 391 cm), Chicago, Art Institute (collection Worcester).
Corrigé

1914-1918, Première Guerre Mondiale. Les bouleversements appelés de leurs vœux notamment par les artistesFuturistes tels Marinetti, Balla, Boccioni ou Carra ont commencé de changer le monde entier. L’art a déjà dévoilé, anticipé (?) les changements en cours. Les Cubistes ont, dès 1907 avec les Demoiselles d’Avignon (le Bordel philosophique dira Apollinaire) de Picasso par exemple, remis en question la représentation occidentale. Braque et Picasso, les créateurs du Cubisme renouvellent la représentation, enfont une question, en s’inspirant notamment des sculptures africaines ou Ibériques alors à la mode. Matisse réalise, pendant le conflit mondial une immense huile sur toile de 262 x 391 cm. C’est cette œuvre, conservée à l’Art Institute de Chicago que nous allons analyser.

*
* *

Matisse est devenu depuis le célèbre Salon de 1905, avec sa toile Femme au chapeau – Madame Matisse,le chef de file du Fauvisme. De quoi s’agit-il? C’est une approche nouvelle de la représentation qui remet en question plusieurs conventions de la peinture. La couleur n’est plus imitative et Matisse ne respecte plus le ton local. Sans doute cette nouveauté est-elle à mettre en rapport avec les innovations de Gauguin. De plus Matisse utilise une touche qui paraît fruste à ses contemporains, quelquechose de « primitif » dans la facture. Gauguin mais aussi les arts Océaniens ou Africains dont Matisse était collectionneur y sont sans doute pour quelque chose. C’est alors le dessin qui est « simplifié » et remis en question. Il ne s’agit plus d’imiter servilement et de façon « réaliste » la réalité visible mais d’en traduire la force, la puissance et le côté presque magique, chamanique ou animal. Cen’est pas une simplification à voir comme un appauvrissement (ce que n’ont pas manqué de faire certains critiques de l’époque, notamment Louis Vauxcelles) mais la volonté de traduire la puissance vivante et primaire par la peinture. L’espace enfin est comme « rétréci ». La profondeur illusionniste cède le pas à l’espace littéral de l’œuvre. L’espace suggéré se réduit au profit de l’être-là de lapeinture, au profit de sa présence. Ce n’est plus tant le modèle représenté qui est présent à nouveau, c’est-à-dire re-présenté, que la peinture elle-même qui est montrée, « présentée »! L’illusion est en partie évacuée au profit d’une présence… celle de la peinture. On comprend alors l’intérêt, tout à fait cohérent, de Matisse pour la touche visible. Ce n’est pas tant la « présence de l’artiste », ouses affects qui sont signifiés plutôt que la présence de l’objet tableau qui est affirmée. Braque et Picasso vont affronter les mêmes questions et surtout s’attaquer à la forme traditionnelle. Ils introduisent une relativisation du point de vue et finalement du système mis en place depuis la Renaissance par Brunelleschi, Alberti et tous les artistes qui ont excellé dans l’art de la perspective.Ces préliminaires esthétiques et historiques nous semblent nécessaires avant d’analyser l’œuvre de Matisse proposée, Les demoiselles à la rivière.
La Guerre fait rage et Matisse peint des demoiselles, des nus au bord d’une rivière. Nombre de critiques s’en sont étonnés mais sans doute l’œuvre va-t-elle révéler un rapport profond avec les bouleversements du monde. C’est une œuvre imposante qui metle spectateur face à plusieurs personnages féminins très stylisés et qui s’imposent davantage par leurs formes et dimensions comme des « stèles » plutôt que comme des personnages individualisés. Ce ne sont pas des individus qui sont représentés mais des types, des « figures » imposantes à l’aspect statique et recueilli. L’espace de la toile est divisé selon des « bandes » verticales qui évoquent une…