Analyse : le changeur et sa femme
Changeur et sa femme, (ou Prêteur) Quentin Metsys, 1514, (huile sur bois : 0,71 m x 0,68 m.).
Description+ analyse
La scène représente un couple dans un espace assez exigu, boutique ouarrière-boutique dotée d’un comptoir dont le bord clouté est exactement parallèle au bord inférieur du tableau, et, sur le mur du fond, d’étagères aux objets multiples. Derrière le comptoir, l’homme, banquierou changeur, ou peut-être joaillier (comme l’indiquerait la présence de perles et de bagues sur le comptoir), installé devant un tas de pièces d’or, est absorbé par la pesée de l’une d’entre ellesdans une fine balance qu’il tient de la main gauche ; la femme, suspendant le geste qui tourne la page d’un livre pieux enluminé, suit l’opération du regard. Au premier plan, au milieu du comptoir, unpetit miroir convexe dirigé vers le spectateur, à la façon de Van Eyck dans le portrait des Epoux Arnolfinis (1434, The National Gallery, Londres).L’innovation (italianisante) pointe dans les harmoniesdélicates et l’éclairage diffus. Et plus encore, elle se manifeste dans l’esprit plus profane qui porte l’œuvre vers la scène de genre : personnages typés, dans une activité de travail précisémentdéfinie, avec outils et instruments appropriés exactement décrits, sans recherche d’idéalisation. En même temps, Metsys, imprégné de la sagesse humaniste d’Érasme et d’Aegidius, dont il a fait lesportraits, joue d’une symbolique qui confronte la balance et le livre de prière — l’avarice et le salut de l’âme — tout en interprétant la sentence biblique, « Que la balance soit juste et les poids égaux »,jadis inscrite sur le cadre (disparu) du tableau.
Pour la petite histoire : Ces six petits poids en forme de godets s’emboitant les uns dans les autres ont pour nom « Pile de Charlemagne » carc’est Charlemagne qui, dit-on, tenta d’uniformiser les unités et créa un étalon de poids. Cette pile était un étalon monétaire de référence, et servait aux artisans qui travaillaient l’or ou…