Annie ernaux
Annie Ernaux revient sur l’évolution de l’image de la femme telle qu’elle l’a envisagée aux différentes étapes de sa vie, depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte. Du refus de la soumission àl’enlisement dans l’engrenage chronophage du quotidien, la vie de cette femme, comme celle de milliers d’autres de sa génération, témoigne de l’émergence d’un féminisme dont l’histoire incertaine commence à peineà s’écrire.
Extrait :
Elle me promettait pour plus tard un beau livre Les Raisins de la colère et elle ne voulait ou ne savait pas me raconter ce qu’il y avait dedans, “quand tu seras grande”.C’était magnifique d’avoir une belle histoire qui m’attendait, vers quinze ans, comme les règles, comme l’amour. Parmi toutes les raisons que j’avais de vouloir grandir il y avait celle d’avoir le droit delire tous les livres. Bovaries de quartier, bonnes femmes aux yeux fermés sur des rêves à la con, toutes les femmes ont le cerveau romanesque, c’est prouvé, qu’est-ce qu’ils ont tous, cette hargne,même mon père, et lui, quand il me verra le soir assise sans rien faire, qu’est-ce que tu fous, à rêver à trois fois rien ? Les copies à corriger, le petit qu’il faut coucher, à peine le temps de lirecinq minutes avant de dormir. Comment rêver encore.
Avis :
Un livre qu’on devrait faire lire à tous les hommes. Un livre sur la condition des femmes, trop souvent tue, trop souvent considérée comme“normale”. Face à l’homme qui peut mettre les pieds sous la table en rentrant du travail, la femme doit, en plus de son travail quotidien, assurer les tâches ménagères, la cuisine, s’occuper des enfants…Des stéréotypes éculés, vus et revus, on dit qu’aujourd’hui les choses ont changé. Pourtant les mentalités évoluent moins vite qu’on pourrait nous le faire croire et à une époque où “trop de féminismetue le féminisme”, il est bon de lire ce genre de livre. Car Annie Ernaux, loin de faire le procès de son ex-mari où d’écrire un pamphlet contre les hommes, s’attache à retranscrire…