Anthologie de la poésie francaise
Younes
UNE ANTHOLOGIE DE LA POESIE FRANCAISE
Je vis, je meurs ; je me brûle et me noieJe vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;J’ai chaud extrême en endurant froidure :La vie m’est et trop molle et trop dure.J’ai grands ennuis entremêlés de joie.Tout à un coup je ris et je larmoie,Et en plaisir maint grief tourment j’endure ;Mon bien s’en va, et à jamais il dure ;Tout en un coup jesèche et je verdoie.Ainsi Amour inconstamment me mène ;Et, quand je pense avoir plus de douleur,Sans y penser je me trouve hors de peine.Puis, quand je crois ma joie être certaine,Et être au haut de mon désiré heur,Il me remet en mon premier malheur.
Louise Labé (1524-1566), Elégies et sonnets
« je vis, je meurs » est le poème le plus célèbre de Louise Labé, c’est le 8ème sonnet de son recueil «Elégies et sonnets ». C’est un sonnet dans la tradition pétrarquiste dont on voit l’influence. Elle y reprend la description de la passion et des sentiments contradictoires. C’est un registre lyrique mais elle adopte un point de vue général. Le poème offre l’image de l’amour en y montrant les états extrêmes du « Moi » qui est une victime de l’Amour. Le registre est lyrique et élégiaque (car il y aplus de douleurs que de malheurs). L’image de la femme qui aime et dépend de l’autre est aussi présente. Malgré tout, les sentiments décrit renvoient à l’idée que l’homme ou la femme subit plus qu’il ou elle choisit la passion v.9. Cette image de l’Amour traverse la littérature et tous les poètes français lyrique l’ont chanté (Dente et Pétrarque ou même Racine).
Heureux qui comme UlysseHeureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,Et puis est retourné, plein d’usage et raison,Vivre entre ses parents le reste de son âge !Quand reverrai-je, hélas, de mon petit villageFumer la cheminée, et en quelle saisonReverrai-je le clos de ma pauvre maison,Qui m’est une province, et beaucoup davantage ?Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux,Que despalais Romains le front audacieux,Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine :Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,Et plus que l’air marin la doulceur angevine.
Joachim Du Bellay (1522-1560), Les Regrets
Joachim Du Bellay né en 1522 et décédé en 1560 , il était sourd. C’était un poète du XVIéme siècle. Le voyage a Rome l’a beaucoup déçu pourses ambitions, c’est a Rome qu’il écrit deux recueils de sonnets. Il exprime dans ce sonnet tout sa nostalgie du pays natal. Il oppose à la rime la terre de ses « ayeux » au « front audacieux » de Rome, et opère ainsi une habile transition pour passer du regret initiale au regret nationale. Son sonnet est plein de références à la culture latine et à la grandeur de Rome et il utilise le contrastepour célébrer la simplicité de son petit village .
Le Coq et la Perle
Un jour un Coq détourna
Une perle qu’il donna
Au beau premier lapidaire
Je la crois fine, dit-il;
Mais le moindre grain de mil
Serait bien mieux mon affaire
Un ignorant hérita
D’un manuscrit qu’il porta
Chez son voisin le libraire
Je crois, dit-il qu’il est bon;
Mais le moindre ducaton
Serait bien mieux monaffaire.
Jean de La Fontaine (1621-1695), Les Fables
Jean de La Fontaine (8 juillet 1621 à Château-Thierry, 13 avril 1695 à Paris) est un poète français de la période classique dont l’histoire littéraire retient essentiellement les Fables et dans une moindre mesure les contes licencieux. On lui doit cependant des poèmes divers, des pièces de théâtre et des livrets d’opéra qui confirment sonambition de moraliste. Ces deux petits faits, mis ainsi à côté l’un de l’autre, racontés dans le même nombre de vers et dans la même mesure, font un effet très-piquant. Les six derniers vers ne sont que l’explication des six premiers, mais le commentaire plait autant que le texte. Cette fable est la genre de celles que l’on appelle composées , c’est-à-dire où la morale mise elle-même en action…