Apologues

En 1695, Charles Perrault défendit dans sa préface des Contes en Vers les valeurs de l’apologue, plus précisément des fables et des contes. Il affirma notamment que «Ces bagatelles n’étaient pas de pures bagatelles, qu’elle renfermaient une morale utile et que le récit enjoué[…]instruisît et divertît tout ensemble ».
Comment les auteurs d’apologues font-ils pour mêler enseignement et plaisir àla lecteur dans leurs récits ?
Nous verrons dans un premier en temps la manière d’enjouer le récit qu’utilisent les auteurs d’apologues pour ensuite aborder le côté didactique de ces ouvrages.

Commençons par étudier la manière d’enjouer le récit dont usent des auteurs comme Charles Perrault ou La Fontaine.
Tout d’abord, nous pouvons voir qu’ils se servent de récits fictifs. Cette procédurecomporte plusieurs atouts. Déjà, ce sont des textes avec des personnages, des verbes d’action ainsi qu’une suite chronologique, ce qui est bien plus divertissant qu’un essai abstrait, comme les deux filles du conte « Les fées ». Cela donne à la fable ou au conte une démarche inductive, ils proposent un exemple concret, ce qui les rends bien plus faciles à assimiler, aussi bien par les petits que parles grands. Secundo, ce sont des textes simples. Ils possèdent chacun un schéma narratif bien visible. Par exemple, dans « Les fées » de Charles Perrault, la situation initiale est la vie courante de la famille: une ainée et une mère « si désagréable et orgueilleuse qu’on ne pouvait vivre avec elles » ainsi qu’une cadette douce et honnête. L’élément perturbateur est l’arrivée d’une « pauvre femme» à la fontaine, introduit par le terme « Un jour ». Les péripéties sont ce qui arriva aux filles après avoir parlé à la femme, et l’élément de résolution n’est autre que la rencontre du prince et la cadette. Ainsi, la situation finale n’est autre que la cadette mariée au prince et l’ainée qui meurt seule et frustrée. C’est un récit tout sauf complexe, qui fait que même les plus petits n’ont aucunmal à comprendre la morale de l’histoire. Pour finir, un autre atout de la fable est l’univers merveilleux qui y est présenté. Par exemple, dans la fable de La Fontaine, « Les animaux malades de la peste », on y trouve des animaux qui parlent, un monde lointain et irréel, ce qui créé un aspect dépaysant pour le lecteur. La fable et le conte sont des formes d’apologues simple et divertissants.Passons à la variété et à la vivacité de la fable. Nous remarquons que les auteurs essaient de captiver l’attention du lecteur pour ne pas l’ennuyer. Dans le cas des récits en vers, cette manière d’écrire apporte une certaine musicalité au texte. La Fontaine choisi d’utiliser plusieurs type de vers dans « Les animaux malades de la Peste », comme des alexandrins au vers 60, des octosyllabes au vers 2et même des vers de 3 syllabes, comme le montre la citation : « Le Berger » (v29). Ce dernier créé un effet de surprise et une cassure du rythme. Cet effet de variété est mêlé à une concision évidente de la part de l’auteur. La fable est courte, elle ne fait que 64 vers, et l’auteur ne s’embarrasse pas dans des parenthèses inutiles ou de digressions : il va droit au but. Cela rend sa fable vivanteet suffit pour lui donner un rythme relativement élevé. Victor Hugo, lui, dans sa fable « Fable ou histoire », décide de tout est écrire en alexandrins. On y trouve une succession de rimes plates mais avec une alternance entre rimes féminines et masculines, comme le montre les vers 3 et 4 : « atroce/ […] féroce » et les vers suivants, 5 et 6 : « suis/ […] nuits ! ». Hugo use également decontre-rejet comme au vers 5 : « criant : je suis / le vainqueur ». Les termes « je suis » auraient dus grammaticalement se trouver au verbe suivant. Pour rendre son récit vivant, l’auteur utilise un rythme rapide, reposant sur l’utilisation de nombreuses virgules et points virgules ainsi que beaucoup d’asyndètes. En effet, tout est juxtaposé du vers à 6 à 10, comme le montre par exemple le vers : « Il…