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Le traité de Lisbonne favorise la stagnation au profit des rentiers et des multinationales
a) Le traité de Lisbonne n’attache aucune importance au plein-emploi Même si les promoteurs du traité de Lisbonne proclament œuvrer en faveur du bien-être général des peuples, il est curieux, à la lecture de l’article 9, de constater qu’au lieu d’un soutien vigoureux à l’activité économique des Étatsmembres, ce traité promet seulement de « prendre en compte » la question de l’emploi : « Dans la définition et la mise en œuvre de ses politiques et actions, l’Union prend en compte les exigences liées à la promotion d’un niveau d’emploi élevé, à la garantie d’une protection sociale adéquate, à la lutte contre l’exclusion sociale ainsi qu’un niveau élevé d’éducation, de formation et de protection de lasanté humaine. » Le moins qu’on puisse dire est qu’il s’agit davantage, dans cet article, d’une vigilance peu coûteuse, d’un scrupule pour se donner bonne conscience, que d’une implication sérieuse dans la résolution du problème du chômage de masse. On peut admirer d’ailleurs la grande retenue du traité de Lisbonne : il n’est pas question d’atteindre « le plein-emploi », mais, plus prudemment deparvenir à « un niveau d’emploi élevé ». Autant dire que les promesses de l’article 9 n’engagent à rien.
b) Le traité de Lisbonne bichonne les rentiers En vérité, le plein-emploi ce n’est pas le problème des commissaires européens, et encore moins celui de la BCE. On ne sera donc pas surpris d’observer que parmi les objectifs de la Banque Centrale celui de lutter contre le chômage disparaîtpurement et simplement. « Prendre en compte » n’est pas privilégier ; l’article 127 vient à point pour nous le rappeler. La vraie priorité économique du traité de Lisbonne c’est la stabilité des prix : « L’objectif principal du Système européen de banques centrales, ci-après dénommé « SEBC » est de maintenir la stabilité des prix » Entre l’article 9 et l’article 127, la « prise en compte » du problèmede l’emploi s’est diluée au point de devenir pure et simple indifférence. De là à croire que le traité de Lisbonne ne voit
pas d’un si mauvais œil ce fléau qu’est le chômage, il n’y qu’un pas qu’on aurait tort de ne point franchir. Cette obsession de la stabilité des prix, que le chapitre sur la politique monétaire développe sans s’embarrasser des précautions oratoires de l’article 9, est auservice d’intérêts bien particuliers qui ne sont pas ceux du salariat. Maintenir intact le pouvoir d’achat de la monnaie profite à ceux qui possèdent un patrimoine financier important, c’est-à-dire les rentiers. Leur richesse est, en grande partie, détenue sous forme d’actifs liquides (épargne monétaire, actions, etc.) ; si les prix s’élèvent, la valeur en termes réels de leur fortune s’érodeinexorablement. Pour bien comprendre à quel point « l’objectif principal du Système européen de banques centrales » fait le jeu d’une minorité de nantis, il est utile de mettre en évidence les immenses inégalités de patrimoine financier qui existent dans notre pays. Si l’on s’en tient à une enquête réalisée sur le patrimoine des Français en 2004 et dont les résultats ont été publiés par l’INSEE, enmoyenne, les ménages les plus pauvres en France, à l’âge de 50 ans, possèdent un volume d’actifs financiers d’une valeur d’environ 8000 euros tandis que le stock de leurs dettes se chiffre à moins de 7000 euros, ce qui fait une richesse financière nette d’un peu plus de 1000 euros. Le quartile des plus riches s’en tire mieux : pour la même catégorie âge ils possèdent un stock d’actifs financiers de110 000 euros à peu près, tandis que leur passif est de 40 000 euros. La différence nous indique que leur richesse financière nette est approximativement de 70 000 euros. Le souci fondamental de la BCE est donc de combattre l’inflation pour protéger les acquis de ces derniers. Et non pas pour préserver les plus défavorisés comme Trichet voulait le faire accroire dans un entretien donné au Point :…