Bac blanc argumentation
Classes de Premières Jeudi 26 mars 2009
Baccalauréat de Français
Durée : 4 heures
OBJET D’ETUDE : Convaincre, persuader, délibérer.
Textes :
A. ROUSSEAU, Emile ou de l’éducation, livre V, 1762.
B. VOLTAIRE, « Femmes soyez soumises à vos maris » in Mélanges, pamphlets et œuvres polémiques. 1768
C. BEAUMARCHAIS, Le mariage de Figaro, Acte III, scène 16 (extrait), 1784.D. ZOLA, L’Assommoir, chapitre XII, 1877.
E. PERRET, « Lily », 1977.
I. Vous répondrez d’abord aux questions suivantes (4 points).
1. A quels genres littéraires appartiennent ces textes ? Justifiez votre réponse (2 points)
2. Que dénonce chaque auteur à travers les personnages féminins ? (2 points)
II. Vous traiterez ensuite un de ces trois sujets au choix (16 points).
1.Commentaire :
Vous commenterez le texte de Zola.
2. Dissertation :
Peut-on traiter de sujets graves et sérieux sur le mode plaisant ou humoristique ? Vous répondrez à cette question en un développement argumenté et en vous appuyant sur les textes du corpus, ceux étudiés en cours, et vos lectures personnelles.
3. Ecriture d’invention :
Mme de Grancey (texte B) vient de lire le texte extrait de l’Emilede Rousseau (texte A). Elle décide d’écrire à son auteur ce qu’elle a pensé de cet essai et plus particulièrement de cet extrait. Elle reprendra certains éléments de l’argumentation de Rousseau pour la contredire. Vous lui prêterez un style qui correspond au tempérament que lui donne Voltaire dans son dialogue. 50 lignes minimum.
A. ROUSSEAU, Emile ou de l’éducation, livre V, 1762.
La femmeest faite spécialement pour plaire à l’homme ; si l’homme doit lui plaire à son tour, c’est d’une nécessité moins directe, son mérite est dans sa puissance, il plaît par cela seul qu’il est fort. Ce n’est pas ici la loi de l’amour, j’en conviens ; mais c’est celle de la nature, antérieure à l’amour même.
Cultiver dans les femmes les qualités de l’homme et négliger celles qui leur sont propres,c’est donc visiblement travailler à leur préjudice : les rusées le voient trop bien pour en être les dupes ; en tâchant d’usurper nos avantages elles n’abandonnent pas les leurs ; mais il arrive de là que, ne pouvant bien ménager les uns et les autres, parce qu’ils sont incompatibles, elles restent au-dessous de leur portée sans se mettre à la nôtre, et perdent la moitié de leur prix. Croyez-moi, mèrejudicieuse, ne faites point de votre fille un honnête homme, comme pour donner un démenti à la nature ; faites-en une honnête femme, et soyez sûre qu’elle en vaudra mieux pour elle et pour nous.
L’inconstance des goûts leur est aussi funeste que leur excès, et l’un et l’autre leur vient de la même source. Ne leur ôtez pas la gaieté, les ris, le bruit, les folâtres jeux, mais empêchez qu’elles nese rassasient de l’un pour courir à l’autre, ne souffrez pas qu’un seul instant de leur vie elles ne connaissent plus de frein. Accoutumez-les à se voir interrompre au milieu de leurs jeux et ramener à d’autres soins sans murmurer. La seule habitude suffit encore en ceci, parce qu’elle ne fait que seconder la nature. Il résulte de cette contrainte, une docilité dont les femmes ont besoin touteleur vie, puisqu’elles ne cessent jamais d’être assujetties ou à un homme ou aux jugements des hommes, et qu’il ne leur est jamais permis de se mettre au-dessus, de ces jugements.
B. VOLTAIRE, « Femmes soyez soumises à vos maris », Mélanges, pamphlets et œuvres polémiques. 1768.
L’abbé de Châteauneuf la[1] rencontra un jour toute rouge de colère. « Qu’avez-vous donc, madame? lui dit-il.
—J’ai ouvert par hasard, répondit-elle, un livre qui traînait dans mon cabinet; c’est, je crois, quelque recueil de lettres; j’y ai vu ces paroles Femmes, soyez soumises à vos maris; j’ai jeté le livre.
— Comment, madame! Savez-vous bien que ce sont les Épîtres de saint Paul?
— Il ne m’importe de qui elles sont; l’auteur est très impoli. Jamais monsieur le maréchal ne m’a écrit dans ce style;…