Bacon, commentaire d’oeuvre

Bacon, Trois études de personnages au pied d’une crucifixion, 1944

Triptyque, Huile et Pastel sur isorel (panneaux de fibres), composé de trois panneaux de chacun 94×74 cm. Conservé à la Tate Gallery de Londres.

L’auteur

Bacon nait en Irlande en 1909, de parents anglais. Enfant asthmatique battu par son père, il grandit entre Dublin et Londres. A 16 ans, entretenant depuisl’enfance des relations conflictuelles avec son père, il est chassé du domicile familiale suite à la révélation de son homosexualité (sa famille est puritaine) ; néanmoins sa mère continuera de lui verser de quoi vivre.
De la, vivant une vie de bohème, il sera décorateur, il sera designer, et peindra ses premières toiles, influencé par l’œuvre de Picasso, qu’il eut l’occasion de découvrir en 1927(exposition Cent dossiers par Picasso, galerie Rosenberg). Il prit alors conscience de son talent. Et bien qu’une partie de son œuvre, soit d’inspiration surréaliste, il refusa la moindre étiquette, et nia son appartenance à un mouvement quelqu’il soit.
En 1945 Trois études de figures au pied d’une crucifixion marque son entrée dans le « monde de la peinture ». Le triptyque, peint dans lecontexte du traumatisme causé par la seconde guerre mondiale, choque.
Bacon ne s’arrête pas la, et lancé, il réalise par la suite d’autres triptyques, des études ayant notamment pour thème la corrida_il dira d’ailleurs de la corrida, qu’elle est « comme la boxe, c’est un appétit merveilleux pour l’amour »_ mais également des autoportraits.
Mais mécontent de son œuvre antérieure à 1944, il l’adétruisit.
Il s’éteint en 1992 à Madrid, suite à une pneumonie et de ses années de presqu’alcoolisme.

Description de l’œuvre

Trois études de personnages au pied d’une crucifixion est peint en 1944, alors que la guerre fait rage en Europe. Bacon, reprend alors un thème religieux : la crucifixion. Il s’est probablement inspiré de Picasso, qu’il admirait particulièrement et qui avait réaliséen 1930 sa propre Crucifixion.. Autre inspiration, Cimabue dont il dira de la sculpture Florentine avant qu’elle ne soit détruite « C’est une des plus merveilleuses Crucifixions que j’aie jamais vues ».
En réalisant un triptyques Bacon fait d’ailleurs une double référence à la religion. En effet, le triptyque est d’abord religieux : afin de mettre en valeur un épisode biblique majeur (Naissancedu Christ, La Crucifixion), il est placé au centre de deux autres volets d’importance moindre.
Mais lieux et place des saints, apôtres, femmes éplorées, Vierge en larme, Bacon offre une vision horrifique de l’habituelle scène d’évangile. Le Tableau est composé de trois panneaux de fond orange mettant en scène chacun un personnage.
Le panneau de gauche montre une forme recroquevillée, auxomoplates arrondies, le cou tendu, et le visage penché vers le bas. Le corps est figuré par de la chair écorchée, grimpée sur une table ou un piédestal.
Le panneaux central offre, lui, un personnage au « visage » voilé de blanc, la bouche grande ouverte distordue dans un cri. Ce visage termine un long cou monté sur un corps de volatile. Dans un équilibre incertain, la forme se tient sur untrépied tortueux.
Le dernier panneau met en scène un personnage très animal, bossu maigre, dont le long cou finit sur une cavité buccale dentue et hurlante. Il paraît planté comme un clou par son unique jambe dans ce qui semble être une plateforme.

La douleur visible de ces figures est rendue par la violence expressive passant par les cris d’horreur, les figures difformes et bossues, etl’équilibre dangereux dans lequel elles sont disposées. Néanmoins, aucune crucifixion n’est ici représentée, toute la composition du tableau repose sur les personnages, la crucifixion pourtant nommée dans le titre, en est absente.
La couleur orange symbolisant les flammes, et donc par conséquent la brulure qu’elles peuvent provoquer, contraste terriblement avec la pâleur blême des corps tordus. Bacon…