Blaise pascal
Blaise Pascal naît à Clermont (qui ne fusionnera avec Montferrand que dix ans plus tard) en 1623.
Il est issu d’une famille bourgeoise qui appartient à l’élite sociale et intellectuelle du temps. Il a deux sœurs (l’aînée, Gilberte, née en 1620 / la cadette, Jacqueline, née en 1625) qui, toutes deux, joueront un rôle important dans sa vie. Sa mère, Antoinette, meurt en 1626 (Pascal n’a quetrois ans), si bien que sa sœur aînée jouera en quelque sorte le rôle de figure maternelle. Son père, Etienne, est un magistrat respecté et un mathématicien réputé qui décide, à la mort de sa femme, de renoncer à ses activités professionnelles pour se consacrer à l’éducation de ses enfants. Il faut dire que ses enfants se montrent particulièrement précoces. Pascal et sa sœur Jacqueline, que leur pèreconduit à Paris en 1631, manifestent d’emblée des talents remarquables, dans des domaines complémentaires : les lettres pour Jacqueline, la science pour Blaise. Jacqueline écrit des petites pièces poétiques, et joue même la comédie avec deux jeunes amies. Quant à Blaise, il reconstitue à sa manière la 32ème proposition de la géométrie euclidienne (le plus célèbre géomètre de l’Antiquité grecque) àl’âge de douze ans : son père, émerveillé, lui fait fréquenter alors, dans des cercles savants, de grands mathématiciens ou physiciens qui, très vite, apprennent à respecter les avis du jeune garçon. Cependant, le goût de Pascal pour les sciences ne l’empêche pas de s’intéresser à la littérature ou d’étudier les langues anciennes, l’histoire, le droit, mais aussi les textes sacrés et les écritsthéologiques. Curieux de tout, très doué, il reçoit donc une solide éducation humaniste (inspirée des principes pédagogiques de Montaigne) et baigne dans les milieux scientifiques, ce qui favorisera l’éclosion de son génie.
Ce génie se manifeste rapidement par des découvertes remarquables : en 1640, Pascal signe un Essai sur les coniques qui lui vaut l’admiration de toute la communautéscientifique (seul Descartes se montre apparemment plus réservé). En 1642, il commence à travailler sur sa célèbre « machine d’arithmétique », qu’il mettra au point en trois ans (c’est vraisemblablement pour aider son père, nommé à Rouen pour superviser le prélèvement de l’impôt, qu’il conçoit cette machine que l’on appellera la « Pascaline »). De 1646 à 1648, il se consacre à l’étude de la questiondu vide. En 1647, il publie Expériences nouvelles sur le vide ; il reprend les premières expériences de l’Italien Torricelli et démontre de manière incontestable, par une ultime expérience, l’existence du vide (expérience qui consiste à mesurer comparativement la hauteur d’une colonne de mercure dans un tube plongé dans une cuve de mercure au pied puis au sommet du Puy de Dôme). [Cette expérienceclôt un débat scientifique décisif qui opposait les « plénistes », persuadé à l’instar d’Aristote que « la nature a horreur du vide », comme Descartes, aux « vacuistes » comme Pascal, qui proclament l’existence du vide, empiriquement constatée].
Si, dans la famille de Pascal, tout le monde est croyant, leur foi semble sincère mais un peu « tiède » : la religion n’est pas au centre de toutesleurs préoccupations et ils sont chrétiens sans être dévots. Mais en 1646, à Rouen, survient un événement qui va mener Pascal à ce que les biographes appellent « la première conversion ». Le père de Pascal s’étant démis une jambe est longuement soigné par les frères Deschamps, deux jansénistes qui vont transmettre à la famille l’idéologie augustinienne à laquelle ils adhèrent, la poussant à seconvertir dès lors à une piété plus austère. Blaise se prend d’intérêt pour les questions théologiques et se lance, l’année suivante, dans sa première polémique religieuse : il s’oppose à Jacques Forton, ex-capucin qui défend l’idée d’absence de prédestination au salut. De son côté, Jacqueline forme le projet de devenir religieuse : elle entre à Port-Royal de Paris en 1652 (un an après la mort de…