Commentaire de texte – phèdre acte v, scène 7 – jean racine

Commentaire de texte – Phèdre acte V, scène 7 – Jean Racine
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Ce passage est tiré de la scène 7 de l’acte V de Phèdre, œuvre de Jean Racine au XVIIème siècle. À la fin de l’acte III, le retour de Thésée a précipité l’action. Le roi a cru aux mensonges d’Œnone – confidente de Phèdre – contre son fils – Hippolyte – et, sous l’effet de la colère, sans écouter sesprotestations d’innocence de son fils, a appelé contre lui la malédiction de Neptune. L’acte IV se termine sur la jalousie de Phèdre, qui renonce ainsi à disculper Hippolyte. Mais l’acte V fait naître chez Thésée des doutes, trop tardifs : le récit de Théramène lui apprend la mort terrible d’Hippolyte. Dans cette scène dernière, le roi et la reine s’expliquent finalement sur l’innocence d’Hippolyteet le roi veut faire comprendre à Phèdre que son beau-fils est mort par sa faute. Enfin, la reine s’est empoisonnée avant d’aller s’expliquer et meurt à la fin de la scène. Ainsi, comme nous le constatons, cette scène est capitale dans la construction de la pièce. Notre analyse aura pour but de voir en quoi la scène est importante et ce qu’elle produit. Pour notre analyse, nous allons procéder paraxes: nous nous intéresserons dans un premier temps à l’aspect formel de la scène dernière1 et ensuite à la trame judiciaire de la scène.

Nous allons, en premier lieu, étudier l’axe premier. En premier lieu, nous remarquons dans cette scène 7 de l’acte V, une catharsis, c’est-à-dire la purification des passions coupables ( ou la purge des sentiments de tous les spectateurs). Par exemple au vers1644, Phèdre dit: « Rend au jour, qu’ils souillaient, toute sa pureté. »; ici, la catharsis est bien évoquée par la purification. La catharsis se fait avec la mort de Phèdre, car en mourant, elle rétablit l’ordre qu’elle avait un temps troublé, et, de ce fait, apporte aux spectateurs l’apaisement. Toutefois, si par sa mort, Phèdre purifie les sentiments et les spectateurs, elle laisse Thésée dansle tourment et le plein de regrets comme l’indique les vers 1645 – 1646: « D’une action si noire / Que ne peut avec elle expirer la mémoire? ». Thésée regrette ici la seule mort de Phèdre: « si seulement avec Phèdre pouvait disparaitre la mémoire de ses crimes »2.
Sur un autre plan, nous pouvons noter le champ lexicale de la vue (vers 1624, 1630 et 1643) qui est un « sens rapide »3. Nous jugeonstrès vite par le regard et c’est ce qui caractérise le rapport entre Thésée et son fils; Il n’écoutait pas ce qu’il lui racontait et pensait uniquement aux preuves de culpabilité qu’il avait vues, l’épée d’Hippolyte donnée par Œnone en est un exemple.
Ensuite, em ce qui concerne les personnages, cette scène réunis pour la première fois de la pièce Thésée et Phèdre. La présence de ces deuxprotagonistes au terme de la pièce implique inévitablement un dénouement. Cette présence des deux « héros »est bien marquée stylistiquement par les phénomènes suivants: au vers 1594 – le premier de la scène – nous remarquons, par exemple, une césure à l’hémistiche traduisant l’opposition entre la gloire d’un côté et la déchéance de l’autre. Ce vers en analepse représente un résumé de la pièce dans lamesure où il embrasse les principaux thèmes de celle-ci. Nous relevons encore deux champs lexicaux qui s’opposent: celui de la chaleur et celui de la froideur. La chaleur évoque le feu et donc Vénus la déesse de l’amour, tant dis que la froideur évoque l’eau et ceci se rapporte à la mort, à travers Neptune et le monstre de la mer.
Le champ lexical de la chaleur aux vers 1625: « une flammefuneste », 1628: « un feu » et 1637: « mes brûlantes veines ». Le champ lexical opposé intervient aux vers 1632: « les flots » et 1640: « un froid inconnu; ». Pour tous ces constats quant au style, nous pouvons en retirer qu’il existe une très forte communion entre le sens et la forme voulue par Racine.

Nous allons maintenant traiter le second axe, celui de l’aspect judiciaire de la scène. Le…