Commentaire j j rousseau

Comment Jean-Jacques fut éduqué
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Cet encadré est issu de l’article « Plaisirs de lecteurs »
« Je ne sais comment j’ai appris à lire ; je ne me souviens que de mes premières lectures et de leur effet sur moi : c’est le temps d’où je date sans interruption la conscience demoi-même » (Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions). L’historien Robert Darnton, spécialiste de la lecture sous l’Ancien Régime, raconte l’entrée en lecture de l’« ami Jean-Jacques », sourced’inspiration et d’exemple pour le nouveau lecteur d’une époque où l’écrit se démocratise.
« Le petit garçon a maîtrisé la lecture hors de l’école, dans un commerce intime avec son père. Ils lisaient l’un àl’autre des romans laissés par la mère après sa mort, se relayant, discutant, plongés dans un monde imaginaire, parfois depuis le soir jusqu’au point du jour. « Allons nous coucher », disait le pèrequand les hirondelles annonçaient le matin. (…) Ayant épuisé le petit stock de romans, ils se servaient de la bibliothèque du père et de l’oncle de madame Rousseau. Pendant que le père, horloger,travaillait dans son cabinet, le fils lisait Bossuet, Molière, La Bruyère, Ovide, et surtout Plutarque. Ces lectures avaient beaucoup d’importance dans la mémoire de J.-J. Rousseau. Ils se lesreprésentaient intensives, orales et accompagnées de discussion dans un cadre intime. Il en résultait deux tendances, selon son analyse rétrospective. Le petit Jean-Jacques formait sur la vie humaine « des notionsbizarres et romanesques dont l’expérience et la réflexion n’ont jamais bien pu me guérir ». D’autre part, en se jetant tout entier dans la lecture des livres comme Vies parallèles [de Plutarque], il lesabsorbait dans son for intérieur et se façonnait une âme républicaine. « Je devenais le personnage dont je lisais la vie », se rappelait-il à propos de Plutarque. « De ces intéressantes lectures, des…