Commentaire : lettre d’erasme à alde manuce (bologne 1507)

Le texte et une lettre manuscrite écrite à Bologne le 28 octobre 1507 par Érasme à destination d’Alde Manuce.
Les deux hommes se proclament comme étant des « humanistes » qui, rappelons-le, est un courant culturel européen qui s’est développé à la Renaissance, renouant avec les œuvres de la civilisation gréco-latine de l’antiquité et remettant « l’homme » au centre des intérêts (c’est un peutôt mais on peu parler d’un début d’une volonté « d’individualisme »).
Plus qu’un humaniste, Alde Manuce est surtout éditeur et imprimeur de métier à Venise.
À cette époque, l’imprimerie et la diffusion des ouvrages est en plein essor depuis son évolution moderne, principalement mis au point par Gutenberg au environ de 1450.
Avant cette date, nous parlions exclusivement de manuscrit, c’est à direqu’il y avait des scribes (essentiellement des moines) qui recopiaient intégralement les livres.
Chaque livre représente des centaines d’heures de travail.
Le fait que les livres étaient écrits dans des monastères fait que la plupart des textes sont des textes sacrés, liturgiques.
L’imprimerie, plus qu’une invention, c’est une évolution intelligente de plusieurs techniques comme celle dela typographie avec ses caractères en plomb, qui a permis un début « d’industrialisation » du livre.
Les imprimeries se sont d’abord développées dans leur pays d’origine, l’Allemagne, puis ensuite l’Italie (qui fût un grand producteur de papier) et un peu plus tard en France.
Mais à la date de 1507, qui correspond à la date d’écriture de la lettre, Paris est réellement devenu le centre del’imprimerie européen, dépassant la Cité des Doges depuis le début des années 1500.
Pour en revenir plus spécifiquement à notre lettre, Érasme dit qu’il a traduit du Grec au Latin plusieurs tragédie d’Euripide, et donc l’objet de sa correspondance porte sur la volonté de celui-ci à vouloir être édité et diffusé par l’imprimeur italien.
Grâce à cette lettre, nous pouvons nous poser lesquestions suivantes : Comment se manifeste dans la lettre les rapports entre les imprimeurs et leurs « clients » (majoritairement des hommes de sciences) ? Quel rôle ont-ils joués à l’évolution de leur époque ?

Lorsque Érasme s’entretient avec Alde Manuce dans sa lettre, il parle autant à l’imprimeur « […] grâce non seulement à ton art et tes impressions d’une finesse sans égale » qu’à l’homme descience « mais aussi à ton génie et ton éminente science » et tout cela avec beaucoup de respect, il y a un vrai jeu de la flatterie : « très savant Manuce », «l’éclat apporté par toi ».
Par contre, les deux hommes semblent se connaitre car il y a uniquement la marque du tutoiement : « par toi », « à ton art », « ton génie », etc.
Et aussi car Érasme se permet des commentaires que peut-être,ce n’est qu’une hypothèse, une personne ne se permettrai pas de formuler à une personne totalement inconnu.
Je pense en particulier à l’ensemble du passage ou il se demande pourquoi l’éditeur Italien n’a toujours pas imprimé le Nouveau Testament : « Je me demande ce qui t’empêche [d’imprimer] le Nouveau Testament, ouvrage capable, si je me trompe, de plaire à tous, et surtout à ceux de notreordre, c’est-à-dire aux théologiens. »
En effet, en plus de sa requête principale qui est la demande d’édition de ses traductions d’Euripide, Érasme se permet bien plus de commentaire dans sa lettre.
Il s’est permit de donner son avis sur le fait que Aide Manuce n’a pas encore édité le Nouveau Testament, mais ce n’est pas tout…
Il demande aussi conseil : « si tu as dans ta boutique quelquechose d’auteurs peu connus, tu me feras plaisir en me le faisait savoir » et il parle aussi personnellement de lui !
Et principalement de « ses amis » qui ont su naturellement apprécier ses œuvres « [Les amis] les ont grandement approuvées, et tu sais qu’ils sont trop sages pour se tromper dans leur jugement, trop sincère pour consentir à flatter un ami ».
Ce qui est intéressant, c’est…