Commentaire penser c’est dire non

Citation
Commençons par la citation elle-même, remise dans son contexte :
Penser, c’est dire non. Remarquez que le signe du oui est d’un homme qui s’endort ; au contraire le réveil secoue la têteet dit non. Non à quoi ? Au monde, au tyran, au prêcheur ? Ce n’est que l’apparence. En tous ces cas-là, c’est à elle-même que la pensée dit non. Elle rompt l’heureux acquiescement. Elle se sépared’elle-même. Elle combat contre elle-même. Il n’y a pas au monde d’autre combat. Ce qui fait que le monde me trompe par ses perspectives, ses brouillards, ses chocs détournés, c’est que je consens, c’estque je ne cherche pas autre chose. Et ce qui fait que le tyran est maître de moi, c’est que je respecte au lieu d’examiner. Même une doctrine vraie, elle tombe au faux par cette somnolence. C’est parcroire que les hommes sont esclaves. Réfléchir, c’est nier ce que l’on croit. Qui croit ne sait même plus ce qu’il croit. Qui se contente de sa pensée ne pense plus rien. Je le dis aussi bien pour leschoses qui nous entourent (…) Qu’est ce que je verrais si je devais tout croire ? En vérité une sorte de bariolage, et comme une tapisserie incompréhensible. Mais c’est en m’interrogeant sur chaquechose que je la vois (…) C’est donc bien à moi-même que je dis non.
ALAIN
Propos sur les pouvoirs, L’homme devant l’apparence, 19 janvier 1924, n° 139
ou Propos sur la religion, LXIVExplication
Explication rapide, comme on m’a appris à les faire au lycée (enfin prenez garde, là je vais vite, dans un devoir rédigé il faudrait détailler plus) :
La thèse est posée dès la première phrase :penser, c’est dire non. Sans ambiguité, Alain définit le sens du mot penser. Il continue par une observation, analogie où il compare l’endormissement à l’acquiessement, le réveil à la dénégation.Métaphoriquement, le non est ainsi doté d’une valeur plus positive que le oui, comme si le non était l’éveil de la pensée.
Dire non, certes, mais non à quoi ? Alain précise sa thèse : la pensée dit non…