Commentaire phedre acte i scène 3

COMMENTAIRE PHEDRE :

Racine Phèdre Acte I scène 3

Introduction : 1)Dans son œuvre, Racine privilégie la mythologie grecque 2)résumé de l’histoire de Phèdre et situation du passage : Oenone par ses supplications vient d’amener sa souveraine, Phèdre, à avouer la cause du mal dont elle dépérit : elle apprend ainsi, avec le spectateur que cette dernière aime le fils de son époux Thésée,Hippolyte qu’il a eu de la reine des Amazones, Antiope.3)problématique : quelles parts de fatalité, de désir et de culpabilité composent cette passion amoureuse ?

I – La fatalité

Phèdre se présente comme la troisième victime de la haine de Vénus après sa mère, rendue amoureuse d’un taureau et sa soeur Ariane, abandonnée par Thésée.
v. 249 : « Ô haine de Vénus ! Ô fatale colère !
Dans quelségarements l’amour jeta ma mère ! »
V. 253 : « Ariane, ma soeur, de quel amour blessée,
Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée ! »
v. 277 : « Je reconnus Vénus et ses feux redoutables
D’un sang qu’elle poursuit tourments inévitables » ( pluriel poétique)
Vénus apparaît à Phèdre comme une ennemie à laquelle elle ne peut échapper mais qu’elle cherche à apitoyer : v. 279 : « Par des voeuxassidus je crus les détourner »
v. 280/281 : « je lui bâtis un temple…victimes. » Elle manifeste sa piété par des cérémonies religieuses. Ce passage sacrifie à la couleur locale antique et païenne, tout en ayant une signification psychologique plus profonde : le désespoir de Phèdre lui fait chercher un secours dans un excès de piété. En vain, les prières sont impuissantes, la déesse est sourde.Aux vers 305/306 : « Ce n’est plus une ardeur dans mes veines cachée :
C’est Vénus / toute entière/ à sa proie/ attachée »
Phèdre se compare à un animal pris au piège. Le participe séparé par tout l’alexandrin de son auxiliaire est ainsi mis en relief et traduit la souffrance de cette lutte. L’éclat de la diphtongue « oie » accentué par le hiatus concourt au même effet.
Il y a aussi ironie dudestin : C’est Thésée lui-même qui a ramenée Phèdre auprès d’ Hippolyte.
V. 302 : « Par mon époux…amenée »
Dans la conception antique, l’homme est soumis à la fatalité divine et nul effort de sa volonté ne peut le faire échapper à son destin.
V. 301 : « Vaines précautions! Cruelle destinée! »
Phèdre est donc prisonnière de cet amour fatal, voulu par les dieux et tout particulièrement par ladéesse Vénus.

II- La passion amoureuse
Comment se traduit cette passion irrésistible ?
1) C’est une maladie :
v.269 : « Mon mal vient de plus loin » : le premier mot de cet hémistiche monosyllabique est à prendre au sens d’amour-maladie.
V.271 : « Mon repos, mon bonheur semblait être affermi
Athènes me montra mon superbe ennemi »
Phèdre analyse lucidement son amour, de la même façon que laPrincesse de Clèves, comme la perte du repos, condition du bonheur.
1) Cette passion est physique
Lorsque Hippolyte reparaît devant elle, la passion de Phèdre redouble : le vocabulaire du feu : « feu, ardeur » en montre l’intensité.

v.273 : « Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ; »
v.276 « Je sentis tout mon corps et transir et brûler » L’agitation, le trouble du corps est mis en reliefpar le mot « corps » placé à la coupe.
Cet amour entraîne des troubles physiques contradictoires de chaud et de froid.

« Je rougis, je pâlis/ et transir et brûler » : disposition en chiasme des termes opposés.
Le rythme ternaire, tumultueux traduit le choc émotif violent du coup de foudre.
Le thème du regard aussi est important :
« Athènes me montra…je le vis…mes yeux ne voyaient plus…» Phèdre voit une apparition si éblouissante qu’elle en devient, un instant, aveugle et aphasique. L’amour est vécu comme une série de symptômes où la volonté n’a pas de part. La sensualité fait perdre à Phèdre le contrôle d’elle-même.

1) Elle n’est plus elle-même. Cette passion l’aliène.
v.274 : « Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue »
v.282 : « Je cherchais dans leurs flancs une…