Commentaire sur molloy de beckett
Marie Levasseur Pour le : 27/03/11
Groupe 2
pour Mardi 29
Commentaire de texte sur Molloy de Beckett
Molloy de Samuel Beckett est un roman écrit entre 1947 et 1948, publié pour la première fois par Jérôme Lindon aux Editions de Minuit en 1951. Il est le premier d’une trilogie écrite directement en français (Beckett est Irlandais), dont les deux autres volumes sont intitulés MaloneMeurt et L’Innommable. L’auteur né à Foxrock à Dublin le 13 avril 1906, et va d’abord étudier à la Eastford House School, dans le centre de Dublin, avant d’entre à Portora Royal School d’Enniskillen, lycée précédemment fréquenté par Oscar Wilde. Il étudie ensuite le français, l’italien et l’anglais au Trinity College de Dublin (fréquenté par James Joyce aussi) de 1923 à 1927. Beckett enseigne auCampbell College de Belfast ,et est nommé au poste de lecteur d’anglais à l’école normale supérieure de Paris. C’est à cette occasion qu’il rencontre l’auteur irlandais James Joyce (The Dubliners, Ulysse, Finnegans Wake…) grâce au poète Thomas MacGreevy, poète ami de Beckett . La première oeuvre de Beckett, publiée en 1922 sera « Dante…Bruno.Vico…Joyce » dans laquelle il défend l’oeuvre deJoyce, critiquée par beaucoup.
Molloy sort au lendemain de la seconde guerre mondiale, dans un climat où la littérature se radicalise et se fait plus critique, le monde est en état de choc. Cependant, cette oeuvre sera accueillie avec force critiques et attaques, Beckett suscite une très vive polémique et rare sont ceux qui le défendent. Néanmoins, George Bataille, à l’origine de La Revue (magazine littéraire qui sera ensuite racheté par les Editions de Minuit), écrira un article proposant une analyse de Molloy et en quelque sorte une défense de l’ouvrage, intitulé « Le Silence De Molloy ». Voici les trois axes de commentaire: en premier lieu seront mises en correspondances la déconstruction syntaxique et grammaticale du récit et celle des personnages, pour dans un deuxième temps nousintéresser davantage aux divers sujets abordés, rassemblés sous deux termes trop vagues, quête et perdition, puis les jeux de miroirs et de boucles entre les deux parties, celle de Molloy et celle de Moran.
Molloy est un roman écrit en deux parties de longueur à peu près égales , toutes deux à la première personne du singulier, avec cependant deux narrateurs différents, Molloy et JacquesMoran. Le schéma narratif auquel le lecteur peut s’attendre puisque tout bon roman selon la pensée du milieu du XXème siècle repose sur le pacte de lecture, à savoir l’engagement implicite de l’auteur qu’il y aura un récit avec des adjuvants et des opposants, se révèle inexistant chez Molloy, troqué pour un fil conducteur bien plus subtile et qui désarçonne le lecteur, mis alors sur la défensive.Beckett fait perdre tous ses repères au lecteur. Rien n’est immuable, l’objet de la quête n’est pas clairement énoncé, peut varier. Le seul indice est que Molloy semble chercher quelque chose. L’ambiance installée est celle de l’incertitude « je ne sais pas comment j’y suis arrivé. Dans une ambulance peut-être, un véhicule quelconque certainement » (p. 7 première partie). Autre fait étrange, le noméponyme ne sera donné à lire qu’à la 34ème page de la première partie, de sorte qu’il est impossible de connaître l’identité du narrateur avant. D’ailleurs, le narrateur ne le savait pas non plus jusqu’alors, preuve en est de ce passage: « Et tout d’un coup je me rappelai mon nom, Molloy. Je m’appelle Molloy, m’écriais-je, tout à trac, Molloy, ça me revient à l’instant. » (p. 34).
Ladéconstruction est visible syntaxiquement par l’usage que fait l’auteur de la ponctuation; En effet, les phrases sont saccadées, hachées, au début de la première partie on peut même les qualifier de morcelées. Les virgules ont comme rôle significatif de permettre à Molloy soit de préciser soit de corriger ce qu’il vient d’énoncer , signe supplémentaire de flou : « une ambulance peut-être, un véhicule…