Controverse »

Le contexte
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[modifier] Les exactions des colons
Dès la découverte des populations précolombiennes en 1492, Christophe Colomb écrit d’elles :
« Ils nous apportèrent des perroquets, des ballots de coton, des javelots et bien d’autres choses, qu’ils échangèrent contre des perles de verre et des grelots. Ils échangèrent de bon cœur tout ce qu’ilspossédaient. Ils étaient bien bâtis, avec des corps harmonieux et des visages gracieux […] Ils ne portent pas d’armes – et ne les connaissent d’ailleurs pas, car lorsque je leur ai montré une épée, ils la prirent par la lame et se coupèrent, par ignorance. Ils ne connaissent pas le fer. Leurs javelots sont faits de roseaux. Ils feraient de bons serviteurs. Avec cinquante hommes, on pourrait lesasservir tous et leur faire faire tout ce que l’on veut. »
Au début du XVIe siècle, les Espagnols conquièrent des territoires le plus souvent avec l’aide des peuples indigènes hostiles ou en révolte contre le peuple dominant (Cortés au Mexique, Pizarre au Pérou) qui les a réduits en esclavage et prélève sur elles les victimes des sacrifices humains. Cependant, les Conquistadors s’approprient desterres des indigènes. Les populations autochtones sont contraintes aux travaux forcés, et organisées dans le système de l’encomienda dont les bénéficiaires, les encomenderos (que l’on peut traduire par « curateurs », en francais), peuvent percevoir un tribut en métaux précieux, en nature ou en corvées. En échange, ils doivent protection et instruction religieuse à ces populations (l’évangélisationdes indigènes, souhaitée par le pouvoir royal), malgré tout considérées comme libres (en pratique, affectés à l’encomienda). Ils sont tenus de ne pas les maltraiter ni les réduire en esclavage. S’ils les font travailler, ils leur doivent un salaire, ainsi que le prescrit une cédule royale de 1503. Cependant, les encomienderos contournent les lois. Le système d’encomienda va s’étendre à l’ensembledu continent sud-américain au fur et à mesure de la progression des conquistadores[3].
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[modifier] La contestation
Dès le début du 16e siècle, des voix se font entendre pour condamner les exactions commises sur les indiens : Antonio Montesinos dénonce les injustices dont il a été témoin en annonçant « la voix qui crie dans le désert de cette île,c’est moi, et je vous dis que vous êtes tous en état de péché mortel à cause de votre cruauté envers une race innocente »[4]. Antonio Montesinos, en 1511 n’hésite pas à refuser les sacrements aux encomienderos indignes et à les menacer d’excommunication. Il est rappelé en Espagne mais obtient de la Couronne la promulgation des lois de Burgos en 1512, qui imposent de meilleures conditions detravail pour les Indiens mais ces lois ne sont pas mieux respectées que les précédentes [3].
Ancien encomiendero, Las Casas s’engage contre ce système et se fait connaître peu à peu: il est nommé défenseur des indiens en 1516 par le cardinal Cisneros En 1520, Charles Quint lui concède Cumaná sur le territoire vénézuélien pour mettre en pratique ses théories de colonisation pacifique par des paysans etdes missionnaires. Mais pendant une absence de Bartolomé de Las Casas, les indiens en profitent pour tuer plusieurs colons. Se sentant coupable il se retire pendant 16 ans et devient Dominicain.
Entre temps, le pape Paul III, par les bulles Veritas ipsa (2 juin 1537) et Sublimis Deus (le 9 juin 1537), condamne l’esclavage des Indiens et affirme leur droit, en tant qu’êtres humains, à la libertéet à la propriété.
Tiraillé entre les groupes d’influence défendant des intérêts économiques et ceux qui font connaître les exactions de colons, Charles Quint après avoir interdit l’esclavage, promulgue les Lois Nouvelles en novembre 1542 qui mettent les Indiens sous la protection de la Couronne d’Espagne et exigent des vice-rois du Pérou et des tribunaux de Lima et de Guatemala de sévir contre…