Detail spectacle oh les beaux jours

La Comédie-Française en tournée présente un spectacle du Théâtre du Vieux-Colombier

Oh les beaux jours de Samuel Beckett
Mise en scène Frederick Wiseman Avec Catherine Samie, Frederick Wiseman Du 30 janvier au 2 février 2007

contact presse Djamila Badache Tél. 04 78 03 30 12 [email protected]

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Oh les beaux jours de Samuel Beckett
Mise en scène Frederick WisemanScénographie et costumes Paul Andreu Lumières Patrick Méeüs Assistante à la mise en scène Valérie Bezançon Assistante à la scénographie et aux costumes Cécile Bickart avec Catherine Samie Winnie Frederick Wiseman Willie Un spectacle présenté dans le cadre des célébrations du centenaire de la naissance de Samuel Beckett Tournée déléguée au Théâtre du Vieux-Colombier Durée du spectacle : 1 h 45

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Lapièce
Au milieu d’un paysage de désert brûlé, une sonnerie retentit. Winnie se réveille sous le soleil au zénith. Elle a le corps enterré dans le sable jusqu’au-dessus de la taille, puis jusqu’au cou. Bien qu’absorbée progressivement, elle se sent légère et tente d’ignorer son ensablement. Avec une tenace énergie, elle vaque à ses occupations. Elle se prépare, met son chapeau, enlève sonchapeau, se brosse les dents, brandit une ombrelle. Elle ouvre un sac et fait l’inventaire de ses objets familiers. Avec une innocence juvénile, elle prie, discourt, fredonne, se plaint, se remémore des bribes de souvenirs. Elle a pu marcher, elle a pu séduire, autrefois… Winnie s’adresse à son ami Willie, que l’on aperçoit à peine, il est presque muet. Il est la frontière de sa solitude, lui a encoreles jambes libres. Le miracle, c’est quand Willie pousse quelques grognements pour répondre à Winnie. Alors là, « c’est ça qu’il y a de si merveilleux ». Winnie s’accommode de son malheur avec grâce et joue à s’imaginer qu’elle vit de beaux jours. Il y a, dans cette situation si atrophiée, une cocasserie et un optimisme immenses. Formidables, les ressources que trouve l’être humain pour se faire àtout, habiter l’inhabitable, lutter contre l’ennui, refuser la mort. Catherine Samie, doyenne de la Comédie-Française, est l’interprète et l’âme de cette nouvelle production du chef-d’œuvre de Beckett. Elle porte sur la tête un dérisoire chapeau, fait de fil métallique ; elle est vêtue d’un singulier chemisier blanc veiné de fils rouges qui lui découvre le haut des bras. Blafarde, illuminée,Catherine Samie interprète une Winnie qui a passé l’âge de toute coquetterie. Elle gomme l’aspect « petite bourgeoise joueuse de bridge » et en fait un personnage plus populaire. Dans sa voix grave, il y a la rue, le peuple, sa gouaille. Si elle jouait en anglais, on dirait qu’elle parle « cockney ». Pourtant, pas une de ses intonations, pas un de ses gestes, de ses silences qui n’aient la vibrationd’un grand poème concret où le drame se fait cocasse, la tragédie humaine, dérisoire et sublime. La mise en scène de Frederick Wiseman est précise, elle respecte les impérieuses didascalies. C’est l’encre de Beckett qui triomphe, sa langue, sa voix, sa musique exécutée ici par deux extraordinaires comédiens.

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Sans illusions
Ce que j’admire le plus chez Beckett, c’est sa passion pour lesilence. Quand je cherche à comprendre pourquoi je ne comprends rien du monde, je lis Beckett et je me console par la conscience, qui est la sienne, de l’impossibilité de le comprendre.

Oh les beaux jours est une radiographie de notre manière de vivre, de penser, de sentir. Comme toutes les radiographies, cette pièce triste, drôle et tragique à la fois, ne prescrit pas de remède, mais décrit, sansillusions, ce qui est, pour ceux qui veulent savoir.
Récemment, j’ai lu les nouvelles de Tchekhov. Entre Beckett et Tchekhov j’avais pensé que Beckett était l’écrivain le plus abstrait et que je préférais l’humanité de Tchekhov. Mais maintenant, j’ai lu Oh les beaux jours maintes et maintes fois. Plus j’avance dans le travail, plus j’avance dans ma compréhension du texte, plus j’ai l’impression…