Dissertation – rôle de l’erreur dans la vérité

L’Homme, par nature et indépendamment de sa volonté, est en perpétuel
apprentissage, et par extension en perpétuelle recherche de vérité, plus ou moins
poussée. Cela commence dès l’enfance, lors de l’éducation et de la scolarité, où les
professeurs sollicitent sa pensée et l’exercent. Cependant, l’erreur inopinée est le
lot quotidien, inévitable et commun de l’exercice de l’esprit. Les élèveset
professeurs le savent bien ; ils y sont sans cesse confrontés. Elle est parfois
redoutée par les élèves, qui y peuvent y voir un obstacle ou même un barrage ; elle
est parfois déplorée par les professeurs, qui peuvent la considérer comme une
preuve d’échec ou un contretemps. Mais l’erreur, aussi répandue qu’elle soit, a-telle
jamais empêché quiconque d’accéder à la vérité à un moment ouun autre ? De
plus, considérant le statut résolument négatif, involontaire et inévitable de
l’erreur, il paraît difficile que l’on puisse poursuivre quelque recherche que ce soit
avec confiance et conviction.
Par conséquent, quelle est la place de l’erreur dans la recherche de la vérité ? Tout
d’abord, l’apparence d’obstacle de l’erreur se justifie-t-elle ? Peut-elle malgré tout
être utiliséeà bon escient dans la recherche de la vérité ? Comment faire, en
somme, pour se servir de l’erreur tout en outrepassant l’obstacle qu’elle peut
représenter ?
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Pour commencer, l’erreur peut être un obstacle, une difficulté dans la recherche
de la vérité. En effet, l’erreur est par définition le contraire de la vérité. Être dans
l’erreur signifie donc forcément ne pas être dans lavérité ; puisque la vérité,
unique, peut cohabiter avec une autre affirmation différente. On peut donc déjà
affirmer que, à un instant précis, être dans l’erreur n’apporte rien de positif dans la
recherche de la vérité et que, étant le contraire de la vérité, elle nous en éloigne
nécessairement. Il est alors compréhensible, voire évident, de considérer l’erreur
comme un obstacle dans cettesituation.
En outre, l’erreur se caractérise par une ignorance de la vérité mais aussi par
l’ignorance que l’erreur est justement une erreur. Un autre problème apparaît alors
: comment un esprit peut-il atteindre la vérité s’il n’a pas conscience d’être dans
l’erreur ? Comment alors réfuter cette erreur pour chercher à nouveau la vérité ?
L’erreur est bien ici un obstacle puisqu’elle semble dans cettesituation être une
finalité qui nous détourne définitivement de la vérité lorsqu’elle n’est pas décelée
par la réflexion.
Ensuite, un autre problème se pose quant au statut de l’erreur lorsqu’elle est
repérée : sa multiplicité. Par opposition à la vérité, qui est unique et dépend du
réel, l’erreur dépend uniquement, comme l’affirme JOUBERT, de l’Homme
: « L’esprit ne peut créer que deserreurs ». Par conséquent, les possibilités
d’erreurs sont infinies et, l’erreur n’étant pas contradictoire à la vérité, réfuter une
erreur ne revient pas toujours à obtenir la vérité. Par exemple, dire « il fait beau »
alors qu’il pleut est une erreur. Mais se rendre compte que « il fait beau » est une
erreur ne nous amène pas forcément à la vérité « il pleut » puisqu’il pourrait très
bienneiger, grêler… L’erreur peut donc ici être un obstacle, puisque dans la
recherche de la vérité on peut aller d’erreur en erreur infiniment, ou du moins
pendant longtemps, avant d’atteindre la vérité. Cette possibilité aurait de quoi
décourager la seule idée de recherche.
Enfin, l’erreur peut aussi être un obstacle dans le sens où, à trop vouloir fuir
l’erreur, on finit par s’enfermer dansl’inertie. Lorsque l’erreur est vue comme un
barrage, un obstacle très difficile à surmonter, elle peut générer dans l’esprit
comme un malaise, une inquiétude, une peur même (assez courante, par ailleurs,
chez certains élèves) de l’état psychologique propre à ces situations d « échec ».
On peut alors être tenté de fuir la seule possibilité de faire des erreurs et ce, dans
le but de ne plus se…