En quoi le récit du guépard de lampedusa est-il un récit réaliste.
Paru en 1958, peu après la mort de son auteur, Giuseppe Tomasi di Lampedusa, le Guépard est un roman qui observe la haute société Italienne, ses rituels sociaux ainsi que la façon dont ses membres tentent de suivre l’évolution sociale et politique. Le succès du roman est dû à son thème principal : L’histoire d’un homme en crise, symbolisé par le prince Don Fabrizio, qui traverse des états d’âmescomplexes, et ne s’adapte pas aux changements du monde qui l’entoure. Ce personnage constitue un personnage type du récit réaliste : il n’est pas un héros, et qui plus est, il est vulnérable. Cependant on peut se demander en quoi le récit du Guépard est un récit réaliste. Pour cela on examinera d’abords le contexte spatio-temporel, ensuite l’intrigue ainsi que les personnages, puis enfinl’écriture du roman qui s’inscrit dans le réalisme tout en évoluant.
Le réalisme tend à reproduire le plus possible la réalité. Ainsi l’implantation d’un cadre spatio-temporel vraisemblable dans l’intrigue est nécessaire à l’adhésion du lecteur au roman, mais aussi à son repérage.
Lampedusa, à l’image de l’auteur réaliste, soigne particulièrement les descriptions des décors de la vie quotidienne : On sesouvient par exemple de la description très détaillée du salon rococo dans lequel se déroule la récitation quotidienne du Rosaire. Les lieux privilégiés pour les auteurs réalistes sont les lieux domestiques, l’habitat de toutes classes sociales, catégorie dans laquelle la villa Salina & la villa de Donnafugata peuvent être d’ores et déjà classées. Les espaces de loisirs sont eux aussi favorisés,tels que la salle de bal à Palerme, dans la sixième partie de l’œuvre. Arrivent enfin les espaces de travail, espaces moins présents dans l’œuvre que les deux précédents, mais lorsque le Prince reçoit Chevalley dans la quatrième partie, on peut assimiler son bureau davantage à un espace de travail plutôt qu’à un espace domestique.
Non seulement Lampedusa suit cette esthétique réaliste, permettantla vraisemblance de l’intrigue, mais de plus certains lieux ont réellement existé, ou sont inspirés de lieux réels, qu’ils soient externes ou internes. En effet de nombreux critiques ont tenté de retrouver les lieux présentés dans le roman, découvrant que nombre de lieux internes décrits dans la Villa Salina ne sont pas sans rappeler ceux du Palazzo Lampedusa, la maison préférée de l’auteur. Demême, la via Salina, qui était la rue indiquée dans le roman, est en réalité la via Lampedusa. Quant à Donnafugata, le château existe bel et bien en Sicile, mais pas comme il est décrit dans le roman : Il semblerait que Lampedusa se soit seulement inspiré du nom.
De la même façon qu’il joue avec l’espace, Lampedusa joue avec le temps. Il est clairement défini : L’intrigue se déroule de Mai 1860 àMai 1910. De la même façon que pour les lieux, certains temps sont privilégiés dans l’écriture réaliste, tels que la vie de famille, le temps du travail et le temps des fêtes, religieuses ou laïques, qui permettent de rythmer l’histoire et de permettre des points de repères pour le lecteur. Ici, Lampedusa suit moins rigoureusement ces caractéristiques réalistes : Cependant on peut noter l’union deTancrèdi et Angelica, qui est un point non négligeable de la famille Salina. Le temps du travail, souvent caractérisé dans les romans réalistes par la répétition, l’ennui, les grèves & les crises, n’est pas complètement absent : La répétition & l’ennui sont le quotidien du prince Salina, qui y fait plus d’une fois référence, par exemple à la page 13 lorsqu’il est mentionné que la récitation duRosaire est l’un des moments les moins irritants de la journée, et qu’il savourait ce moment plusieurs heures à l’avance. Quant aux grèves & aux crises, on peut les rapprocher du contexte politique et historique de l’époque, lors du Risorgimento (réunification de l’Italie). Le temps des fêtes n’est pas particulièrement présent dans le roman, mais après tout il n’est pas nécessaire pour…