Essai de dissertation
les raisons qui sont à la base de la création des mouvements sociaux
En Europe c’est à la fin du 19ème que se construit et se structure l’économie sociale et solidaire. La révolution industrielle, l’essor du capitalisme viennent gonfler les rangs d’une classe populaire pauvre, dont la situation sanitaire et sociale est précaire. Les ouvriers sont les premiers à s’organiser pour répondre à leursbesoins sociaux et mettent en place les premières caisses de secours mutuels, des coopératives de consommation etc. Jacques Defourny & Patrick Develtere (Article publié dans l’ouvrage « L’économie sociale au Nord et au Sud », Editions De Boeck, Bruxelles, 1999, pp.25-50). Comme souvent, c’est dans un contexte particulier, pour combler une carence du service public et pour prendre en chargecollectivement des risques sociaux non assurés par l’Etat qu’émergent les initiatives d’économie sociale et solidaire. Elles seront progressivement reconnues et officialisées, notamment sur le plan législatif. En 1898 paraît la 1ère charte de la mutualité, en 1901 la loi sur la liberté d’association est promulguée.
L’économie sociale et solidaire moderne a trouvé ses principales expressions au coursdu 19ème siècle, son histoire remonte aux formes les plus anciennes des associations humaines. On peut même dire que la genèse de l’économie sociale se confond largement avec la lente émergence de la liberté d’association au fil des siècles.
– les théories des penseurs et les implications pratiques
Des corporations et des fonds de secours collectifs existaient déjà dans l’Egypte des Pharaons. LesGrecs avaient leurs “ hétairies ” pour se garantir une sépulture et pour l’organisation rituelle des cérémonies funéraires, tandis que les Romains se groupaient en collèges d’artisans et en “ sodalitia ”, associations plus politiques. Avec l’effondrement de l’Empire romain, ce seront les associations monastiques qui deviendront partout en Europe les refuges de l’associationnisme primitif autantque des arts, des sciences et des traditions: couvents, monastères, abbayes, prieurés, commanderies, chartreuses, ermitages, etc.
Au 19ème siècle, les premières guildes apparaissent dans les pays germaniques et anglo-saxons, puis à partir du 11ème siècle émerge la confrérie, groupement organisé de laïcs qui s’affirme en dehors des couvents pour répondre à des besoins pratiques d’assistance,d’entraide et de charité. Quant aux associations compagnonniques, elles se développent dès le 14ème siècle et, progressivement, elles s’assurent dans les métiers les plus qualifiés une certaine maîtrise du marché du travail.
Pourtant, ce foisonnement associatif ne doit pas faire illusion. Ainsi, en Europe, un groupement volontaire ne peut exister en dehors de l’Eglise, de l’Etat ou des autres autoritésen place que sous des formes précises dont les règles d’admission et de fonctionnement sont strictement codifiées. Ainsi c’est à partir du 18ème siècle, les Friendly Societies se multiplient en Angleterre dans le but de fournir à leurs membres des allocations en cas de maladie ou de décès, en contrepartie de cotisations régulières. Le pluralisme idéologique de l’économie sociale et solidaire du19ème siècle à donné naissance dans les pays occidentaux, de multiples initiatives de type coopératif et mutualiste sont apparues avant même d’être légalement reconnues. Cet associationnisme ouvrier et paysan du 19ème siècle est en fait inspiré par plusieurs courants d’idées qui marqueront tout l’itinéraire de l’économie sociale et qui soulignent son pluralisme politico-culturel depuis ses sourcesjusqu’à ses manifestations contemporaines.
Le socialisme associationniste joue un rôle fondamental, avec les utopies de R. Owen, W. King, Ch. Fourier, H. de Saint-Simon et autres Proudhon. Jusqu’en 1870, les penseurs du socialisme associationniste, qui promeuvent surtout les coopératives de producteurs, domineront même le mouvement ouvrier international au point que l’on identifiera souvent…