Explication de texte – « la pensée et le mouvant » henri bergson
Afin de mieux saisir les enjeux du présent texte nous allons tout d’abord le réinscrire au sein du contexte où il prend place. Le recueil de conférences auquel il appartient s’intitule L’énergie spirituelle. La conférence précise, dont nous avons la retranscription textuelle s’intitule, la conscience et la vie, le titre de l’extrait du paragraphe que nous étudions est l’activité créatrice. Troistitres avec lesquels nous pouvons d’emblé de jeux supposer que Bergson dispose l’homme à une certaine immanence au sein de son activité. De quelle manière l’homme est-il disposé à tirer de lui même plus qu’il ne comporte? Rappelons tout d’abord les grandes lignes que Bergson à avancé avant d’arriver à ce texte qui sera clé de la compréhension de l’ensemble de la conférence. La vie est unecontraction entre ce qui n’est pas encore et ce qui n’est déjà plus. Un trait d’union tiré entre futur et passé. Si ce trait d’union vital est celui d’un choix, la conscience s’y ajoute, s’il est celui d’un automatisme, la conscience s’en retire. C’est ici que le concept de créativité intervient, même si la vie nécessite contraction et accumulation de matière elle peut aussi prendre une dimensionexplosive. Comme un ressort qui aurait été suffisamment contracté pour se redéployer dans toute sa longueur plus un nouveau bond que cette libération soudaine d’énergie permet. Le tout étant de lier ces deux mouvements en une dialectique constructive, c’est l’évolution de la vie dans sa capacité adaptative. Cependant je crois me rappeler d’une boutade préventive : « une tête en forme de marteau est propreà ceux qui veulent enfoncer des clous ! », est-ce la bonne direction qu’une vision instrumentaliste de l’étincelle explosive de la vie dont on pourrait tirer profit pour de meilleures capacités adaptatives? Ce texte est d’avantage orienté dans la supposition d’une prédisposition artistique à l’expression et non de la spécification de techniques efficientes. Construire le monde en l’expérimentantet non l’expérimenter dans des schémas construits selon les normes de l’efficacité productrice. Cela suppose des gestes qui s’opèrent librement, sans réflexivité prématurée, sans un voile trop opaque entre ce qui veut être exprimé et le sens qui s’en dégage. Le contexte d’expression n’est pas perverti par le moi superficiel de la vie quotidienne. Le bouillonnement interne rayonne au-delà des mots.Ceci dit la figuration du moi par l’expression peut néanmoins parfois être terriblement castratrice. En effet le sens qui s’en dégage est emprisonné dans les mots et ne convaincra plus par la multiplicité irréductible des possibles non encore exprimés. C’est renoncer à son moi profond et comprendre le contenu de ce moi par l’exercice de sa diffusion. La difficulté résidant dans la capacité depeindre le tableau tout en construisant le cadre qui va le contenir; norme nécessaire à l’exposition de celui-ci. Ainsi l’œuvre devient visible, peut être énormément d’ineptie va être divulgué à son sujet, mais par l’exercice de ce message transmis, l’homme se hausse au dessus de lui-même. Peut être y a-t-il eu crise dans le passage à l’action du langage ?; décomposition de l’unité profonde du moi etrecomposition pour se définir autrement dans l’expression. Même si l’expression est risque, c’est un processus extrêmement stimulant pour la conscience qui soupèse et rassemble tout ce qui la compose pour devenir autre. Par ce processus une liberté s’offre à lui et les directions multiples qu’elle permet d’emprunter exaspère la conscience en activité. Voici beaucoup de lyrisme. Une explicationmoins survolée du texte est nécessaire. Bergson l’annonce dès la première phrase il s’agit de comprendre les enjeux qui se dégagent d’une mise en rapport de la pensée et de la matière. Ces deux variables étant interdépendantes il faut maintenant distinguer trois lieux où elles entrent en relation. Premièrement, la pensée laissée seule au sein du corps (Mettons donc,(…) ,il y a de la confusion.)….