Faut-il travailer pour être heureux ?
Une tension se dessine de manière de plus de plus nette dans notre société. D’un côté le travail semble essentiel au bonheur, de l’autre de plus en plus de personnes entretiennent un rapport malheureux au travail, surtout en raison de la dégradation des conditions de travail. Cette tension entre bonheur et malheur semble bien difficile à résoudre dans une société où s’affirme plus que jamais lacentralité du travail comme modalité d’intégration, de reconnaissance sociale et de définition des identités individuelles et collectives. N’y aurait-il que 2 conceptions antagonistes, définissant le travail comme: -une contribution au progrès de l’humanité, fondement du lien social, source d’épanouissement et de bonheur personnel -une aliénation qui condamne les hommes à perdre leur vie à lagagne.
Selon Antoine de Saint Exupéry, « le bagne ne réside pas là où des coups de pioches sont donnés. Il n’est pas d’horreur matérielle. Le bagne réside là où les coups de pioches sont donnés qui n’ont point de sens, qui ne relient pas celui qui les donne à la communauté des hommes ». Pour lui le travail n’emprisonne pas, mais reste un moyen de s’épanouir pleinement. Par contre, dès le moment oùla personne ne sait plus dans quel but elle travaille, alors ce dernier devient aliénant et l’homme s’enferme dans une mauvaise spirale dont le but reste invisible !
Dès lors, beaucoup de monde y voient une espérance dans leur vie. Personne ne doit se cacher la vérité : Lorsque quelqu’un s’investit dans un travail, il y a un moment où chacun est pris par ce travail comme si le travail lui-mêmen’était pas la fin ultime mais seulement un moyen … Un moyen d’apprendre, de se transformer, d’évoluer par cet apprentissage, de devenir tout simplement chaque jour d’avantage soi-même. Se développer, c’est-à-dire de ce que chacun se propose d’être, revient à devenir une personne se connaissant.
De plus, l’homme ne parvient à se connaître que dans l’effort, par la recherche ou par la réflexion…Donc, le travail devient une voie dans l’accomplissement de sa personnalité, dans sa recherche de sens.
Certains en viennent même à oublier que le travail n’est pas propre à chaque individu, mais qu’il reste avant tout le propre de l’homme.
Et par ailleurs, du point de vue religieux, « l’homme fut dès le commencement appelé au travail », et comme l’a mentionné Jean-Paul II, cet appel est un donpour tout homme qui peut non seulement y trouver une voie pour se réaliser en tant qu’individu, mais aussi trouver grâce à lui une place dans la En plus, par ce travail, l’homme est donc appelé à une oeuvre, non pas individuelle, mais universelle, non pas humaine mais divine.
Ce travail exprime l’essence humaine. Il distingue l’humanité du monde animal : car celui-ci en transformant la nature,subordonne sa volonté à un but conscient qu’il a d’abord imaginé. Et donc d’après Marx, le travail reste un bien trop précieux pour en faire une cause de souffrance.
Par opposition, diverses études prouvent qu’aujourd’hui, le sentiment d’incohérence a remplacé la compréhension, celle qui donnait à chacun un sens au travail quotidien.
Quelques chiffres illustrent également le changement quis’opère dans la société : 48% des salariés déclarent se dépêcher « toujours ou souvent » dans leur travail, 27% des travailleurs occupent leur poste le samedi, et 59,5% des travailleurs doivent « fréquement abandonner une tâche pour une autre plus urgente » et de moins en moins de personnes considèrent ce changement comme perturbant. Une preuve que beaucoup de personnes préfèrent se plier pour pouvoirrester à leur poste.
De plus, une majorité affirme également que la conception du travail a évolué depuis 20ans. Ce dernier pouvait donc être rude, épuisant, aliénant même, mais il n’était pas remis en cause. Dans une société moderne, libérale ou socialiste, le travail offrait à l’homme une possibilité de se réaliser. Mais aujourd’hui les gens se plaignent, mais sont heureux d’en avoir, ils…