Femmes et ww2
Les femmes et la guerre (1911 -1946)
De la mère ou la veuve éplorée des monuments aux morts aux ouvrières exerçant fièrement des travaux « d’hommes » dans les usines, en passant par la figure de l’infirmière, encensée par les artistes de guerre, l’image des femmes dans la guerre est multiple et ambivalente. Toutefois, l’idée que les conflits aient favorisé et accéléré l’émancipation féminine estfortement répandue et n’a été remise en question par l’historiographie que dans les années 1970.
Le XXe siècle apparaît en effet, aussi bien dans les sociétés européennes qu’américaine ou japonaise, comme celui de l’émancipation des femmes, de leur accès à la sphère politique et au monde du travail salarié. Ne portant pas les armes, les femmes n’en connaissent pas moins leur lot de misères et desouffrances pendant les guerres.
I – VIVRE LA GUERRE, AU JOUR LE JOUR
La guerre est souvent considérée comme un temps des hommes. Un stéréotype véhiculé par les après-guerres est celui d’un temps béni pour les femmes. On fantasme sur leur liberté, leur licence sexuelle et sur les folies dépensières que leur permettraient leurs nouveaux salaires. // elles ont subi, elles aussi, leur lot desouffrances.
« Guerre des hommes, paix des femmes1 ? » : La réception de la guerre par les femmes, l’image archétypale qui fait de la femme par nature une personne plus douce que l’homme, plus encline à la paix que ce dernier.
En 1914, peu nombreuses sont les organisations qui peuvent prétendre parler au nom des femmes, mis à part les associations féministes, telles que les associationssuffragistes au Royaume-Uni, aux États-Unis ou en France, ou encore le Mouve¬ment des femmes socialistes dirigé par l’Allemande Clara Zetkin.
Or, l’ensemble de ces mouvements, après avoir affiché un certain pacifisme, se rallie très rapide¬ment aux Unions sacrées. La plupart des mouvements féministes espèrent obtenir en récompense de cet engagement la satisfaction de leurs demandes.
Elles sont à peuprès comparables à celles des hommes : résignation, patriotique fort. Aux États-Unis, par exemple, les femmes sont nombreuses à entrer dès 1915 dans les organisations favorables à l’engage¬ment américain. Cependant, le conflit s’installant dans la durée, elles montrent une certaine impatience et une aspiration confuse à la paix : La grève des munitionnettes en 1917 en France ou dans lesmanifestations des femmes russes, en février de la même année, au cri de « la paix et du pain », qui annoncent les débuts de la Révolution.
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, chez les femmes comme pour les hommes, le sentiment pacifiste a été dominant. La plupart des féministes, qui ont eu l’impression d’avoir été bernées par les gouvernements d’Union sacrée, sont devenues des « ultra-pacifistes ».À l’instar des hommes, si leur engagement contre le nazisme a été sincère, elles en ont mal évalué les réels dangers. Et si les Japonaises, les Allemandes et, dans une moindre mesure, les Italiennes se sont trouvées mieux préparées à un conflit de par les exigences qu’une économie de guerre imposait à leurs sociétés depuis le début des années trente, c’est l’ensemble des femmes d’Europe etd’outre-Atlantique qui se retrouve à subir de nouveau la situation de guerre.
Faire face aux temps difficiles : Si les femmes ne connaissent pas la dureté des combats et la mort sur les champs de bataille, elles n’en sont pas moins touchées par les privations et les souffrances.
A elles qu’incombent, de pourvoir aux besoins de la famille en matière de nourriture, de bois de chauffage, devêtements.
Or, les allocations données aux femmes de mobilisés, quand elles existent, représentent des sommes modiques.
On doit donc faire état d’une extrême détresse des ménagères des classes populaires urbaines, les paysannes et les bourgeoises se trouvant moins touchées.
En effet, alors que les Britanniques et les Françaises (à part celles des départements occupés) souffrent peu lors de la…