Fiche scène 1 la cantatric chauve

Séquence V : La Cantatrice chauve, Ionesco, 1954
Commentaire de la scène 1

Introduction: Cette scène est la première scène de la pièce. Comme on s’y attend elle présente le cadre : un salon anglais et les personnages: un couple bourgeois de la pièce. La comédie bourgeoise semble donc pouvoir commencer. Cependant cette scène d’exposition ne remplit pas toutà fait sa fonction : il paraît difficile de croire que le menu du dîner soit l’action de la pièce car le sujet paraît trop anecdotique et plus encore il paraît difficile de se passionner pour l’énumération des mets du repas. Autrement dit, pas d’action identifiable, pas d’intérêt suscité chez le spectateur. Cette étrangeté par rapport à nos habitudes de spectateur de théâtre invite à relire cettepremière scène qui ressemble à une comédie de boulevard et à une scène d’exposition classique mais qui n’en est pas tout à fait une . Il s’agira pour nous de comprendre comment Ionesco en reprenant les codes de la scène d’exposition et de la comédie de boulevard en fait autre chose, le début d’une pièce originale, moderne et loufoque. Nous comprendrons mieux alors que cette première scène estparodie de scène d’exposition qui se moque des codes du théâtre et qu’elle est aussi parodie de scène d’exposition qui se moque des codes du théâtre et qu’elle est aussi parodie de scène de boulevard pour dénoncer la banalité de la petite bourgeoisie et plus largement l’absurdité du monde.

I.Une parodie de scène d’exposition: les codes du théâtre tournés en dérision.

A. L’illusion théâtraledénoncée : ne pas faire croire à la réalité du spectacle.

1)Les décalages de la mise en scène : L’illusion théâtrale est dénoncée dès le départ par la mise en scène et ses décalages. La didascalie initiale donne des indications au lecteur et au metteur en scène , mais Ionesco voulait un décor neutre = décalage. Voix off qui lit la didascalie ? attaque à la convention théâtrale => montrel’artifice et le manque de réalité du spectacle.
2)Le personnage s’adresse au public ( Mme Smith première réplique ), son mari n’a pas besoin de le savoir, pour faire vrai le spectateur a besoin que les acteurs se parlent entre eux . Ionesco a ce moment là s’amuse avec le double destinataire et l’inverse un peu, car son mari ne répond pas => impression qu’elle ne s’adresse qu’aux spectateurs.

B. Lesconventions théâtrales tournées en dérision

1)L’unité du temps ou l’horloge folle : Ionesco se moque des codes et des conventions théâtrales; La première convention détournée est l’unité de temps : 9heures au début de la scène, à la fin ils vont dormir. « En un lieu, en un jour » ? on commence le soir au lieu du matin. Décalage entre ce que disent les personnages et la mise en scène ( horloge).Ionesco se moque du code, du temps grâce à l’horloge qui se dérègle, qui devient folle : 17 coups ( impossible ), puis 7 et 3 à la suite, puis 0 ( incohérent) , puis 2, puis 10 => Dénonce le côté artificiel.
2)L’unité de lieu ou l’exagération comique d’ «anglais »: la deuxième convention détournée est la convention de lieu. L’action est à Londres ( en cohérence avec la didascalie), insistance surle mot anglais ( 15 fois dans la didascalie), tourne en dérision l’unité de lieu. La première réplique de Mme Smith donne en 5 lignes la présentation du lieu, du temps, des personnages, => insistance; indice des codes tournés en dérision.

C. L’absence d’intérêt dramatique : inaction et ennui

1)La banalité et le manque d’intérêt de la conversation de Mme Smith : la conversation estinintéressante , pas dramatique ? pas de possibilité d’histoire, pas de cantatrice chauve ( où est le sujet de la pièce ?). Énumération : discours de Mme Smith basée sur l’énumération ( lignes 9, 15, 23, 27, 35, 49, 61). Impression qu’elle peut en rajouter à l’infini. Seul thème de la conversation se base sur le fait d’avoir bien mangé. Elle répète la même chose, discours qui tourne à vide, se répète….