Fiches de lecture edgar morin

Edgar Morin
Pour une politique de Civilisation
Edition Arléa

Dans cet extrait court et concis, Edgar Morin expose son point de vue sur notre civilisation. L’auteur part de quelques constats partagés : depuis l’avènement de la société de consommation, nos besoins matériels sont majoritairement comblés, nous avons en grande quantité des objets dont nos ascendants ne disposaient pas (logement,tv, tgv, avion, frigo, voiture, téléphone, vêtements…) qui génèrent des sous-produits qui dégradent la qualité de notre vie (écologie, exclusion, individualisme, isolement, dépressions, stress). Replaçant le sujet dans une perspective plus vaste, Edgar Morin démontre qu’il ne s’agit pas de difficultés ponctuelles, marginales et isolées mais bien d’une défaillance majeure de notre civilisation quil’amènera à sa perte si nous ne trouvons pas les voies de sa métamorphose. Les sources de régénération sont nombreuses (initiatives solidaires, bio, monde associatif, poésie..) mais dispersées et la nouvelle voie proposée consisterait à refonder notre civilisation sur ces sources pour les fédérer et en faire la base d’une nouvelle société solidaire, conviviale et écologique dans laquelle l’hommehabiterait la terre prosaïquement et poétiquement. L’humain ne passerait plus la majeure partie de son temps à survivre ou à vivre de façon machinale mais à vivre pour vivre.
En ce qui concerne le travail E Morin écrit « la notion de travail devrait dépérir au profit de la notion d’activité, laquelle combine l’intérêt, l’engagement subjectif, la passion voire la créativité, c’est-à-dire laqualité poétique. » (p.52)

Lien avec la problématique de la performance RH.
Si l’on tente d’extrapoler les réflexions d’E. Morin au monde de l’entreprise, on constate que l’entreprise privée est particulièrement affectée par ce diagnostique du défaut de qualité. En effet, l’objectif quantitatif de rentabilité est prioritaire et les acteurs ont beau sentir confusément les mal-être qui en découlent(RPS, individualisme, démotivation..), il n’est pas envisageable de refonder l’entreprise privée sur la solidarité, la convivialité, l’écologie. Comme pour la société civile, de nombreuses initiatives naissent dans les entreprises pour tenter de les régénérer humainement et la fonction RH est naturellement en position de les fédérer.
Le « moral index », indicateur qui participe à la mesure de laperformance RH, ne pourrait donc pas fondamentalement et durablement être bon dans une entreprise privée.
Il serait intéressant de comparer le bien-être existentiel des salariés du public ou du monde associatif au regard de cette analyse. Il semble qu’il ne soit pas tellement meilleur car il s’agit d’un ensemble et les relations que ces salariés entretiennent avec leurs clients ou le reste de lasociété restent majoritairement fondées sur la quantité.

Tout va trop vite
Article du monde sur Hartmut Rosa auteur de « Accélération »
Aout 2010

Ce sociologue allemand développe l’idée selon laquelle notre société accélère. Si nous arrêtons de courir après notre travail, nos emails, notre argent, nos réseaux, nos compétences… nous tombons dans l’oubli, la dépression, le chômage, la misère,la désocialisation. Selon lui, les changements techniques, sociaux, le rythme des événements médiatiques, les évolutions des métiers et des traditions s’accélèrent et nous nous épuisons à tenter de les suivre. Face à cet objectif forcément trop ambitieux de suivre un rythme qui s’accélère, nos moyens limités nous mettent logiquement en situation de frustration et de stress. L’accélération desmoyens techniques de déplacement (le monde est à quelques heures d’avion), de communication (voir et parler instantanément avec quiconque), d’accès à l’information et à la culture (lire une publication en temps réel), de l’arrivée de nouveaux biens de consommation démultiplie nos possibilités mais nous empêche d’en profiter.
Nos rythmes de vie sont en danger (visiter un pays en trois jours,…