Français

Bérénice, Racine, 1670
Étude du monologue de Titus, IV, 4

Introduction

Racine (1639-1699) : tragédien (Phèdre, Andromaque, Iphigénie), rival de Corneille.
Bérénice : tragédie qui repose sur une esthétique sobre, sur la simplicité extrême de l’intrigue. La pièce est construite autr d’une interrogation : comment Titus parviendra-t-il à expliquer à Bérénice qu’il a décidé de la renvoyer enOrient ? Titus aime Bérénice, la reine de Palestine. Or, devenu empereur de Rome depuis quelques jrs en succédant à son père, il voit son amr s’opposer à son devoir d’état puisque le Sénat et Rome lui interdisent tt mariage avec une reine étrangère. Il a dc décidé, depuis le début de la pièce, de lui annoncer cette rupture. Prtant, malgré ses affirmations péremptoires et résolues, Titus s’estavéré incapable de dire la vérité en face de celle qu’il aime. Il s’est finalement décidé à l’acte III à voir Bérénice pr lui annoncer sa résolution : ms avant cette entrevue qu’il sait décisive, Titus repousse encore le moment de la confrontation et demande à rester seul pr réfléchir une dernière fois sur la conduite à tenir.
problématique : étudier en quoi ce long monologue est un monologuedélibératif.

I. Le monologue d’un homme tourmenté confronté à un dilemme

1) le profond désarroi de Titus
a) une situation d’énonciation pathétique
scè est un monologue : didascalie « seul » (v.1) accolée au nom du pers « Titus ». Dc seul pers présent sur scè, sur lequel va se concentrer l’attention des spectateurs.
met en scè un héros face à lui-même, qui recherche la solitude (annonçait à lafin de la scè précédente qu’il désirait ê seul).
émotion se manifeste par la présence de pts d’exclamation (v.38, 52), d’interjections (« hé bien » v.1 renforcé par l’adv, « ah » v.38, 52).
b) une rupture à envisager
désarroi de Titus s’explique par la nécessité de rompre avec Bérénice (« adieux » v.3). Le renvoi de la reine est ainsi présenté comme un « combat » (v.5, placé à la césure) àlivrer avec celle qu’il aime. Titus se met lui-même en scène comme un bourreau face à sa victime. Il utilise ainsi des termes particulièrement forts appartenant au chp lexical de la violence guerrière : « cruauté » v.4 (qui fait réf par son étymologie au sang qui coule), « barbare » v.6, « percer » v.13, 14 qui renvoie aux blessures infligées.
séparation est mise en relief par la formulation de laphrase de rupture au discrs direct : « Je ne veux plus vs voir » v.12 (utilisation d’un vbe de vlonté accpagné de la négation).
paradoxe de cette situation souligné par le v.13 : opposition entre la souffrance infligée (« percer » ds le 1er hémistiche) et l’amr réciproque éprouvé (« que j’adore, qui m’aime », ds le 2d hémis avec 2 vbes exprimant cette passion).
cela entraîne l’expression de lasouffrance, que ce soit celle de Titus ou de Bérénice (« larmes » v.10 placé à la rime, « malheurs » v.20, « pleurs » v.26).
? ce monologue met donc en scè un homme qui vit une situation pathétique à cause de la rupture qu’il doit imposer à celle qu’il aime. Bérénice étant une tragédie, cela renvoie au principe de ce genre qui doit faire éprouver de la pitié au spectateur (associée à laterreur). Cette situation difficile est l’occasion d’une véritable prise de conscience.

2) une douloureuse prise de conscience
a) le vertige devant sa propre liberté
Titus fait l’exp de sa toute-puissance puisque c’est de lui seul que va dépendre cette décision. Cela est visible avec la présence de la 1ère pers du sing (v.7, 8, 9, 10…). Le v.14 insiste sur cet aspect en mettant en relief laréponse à la question posée ds le 2d hémis : « moi-même » placé à la rime, pronom renforcé par « même », réponse lapidaire, ss vbe.
insiste sur le fait que c’est lui-même qui s’est placé ds cette situation : « moi seul » v.19 (le pronom ouvre la phr, ce qui le met en valeur, et est renforcé par l’adj qui le suit). Sujet des vbes v.20 : « J’avance des malheurs que je puis reculer » (il a…