Fruits et legumes de rungis
Antoine BERNARD DE RAYMOND
Université Paris-X Nanterre ENS Cachan
Mémoire de maîtrise de sociologie
Le marché aux fruits et légumes de Rungis
Directeur de mémoire : M. François VATIN Année universitaire 2000-2001
Je tiens à remercier tous ceux qui m’ont aidé à réaliser ce mémoire, à commencer par mon directeur de maîtrise, Monsieur le Professeur Vatin, ainsi que Monsieur leProfesseur Zalio, pour leurs conseils et leurs encouragements. Je remercie aussi MM. Denis Beaudouin et Bernard Piton (Président délégué de l’UNCGFL), grâce à qui j’ai pu avoir accès au terrain. Je remercie enfin tous ceux, grossistes, responsables syndicaux, ou membres du Ctifl, qui, au cours de mes recherches, m’ont reçu et ont eu la patience de répondre à mes questions, et sans qui je n’aurai jamaispu rédiger ce travail.
INTRODUCTION
Depuis plusieurs années les travaux en sociologie des marchés se sont multipliés, ce qui a donné lieu à d’importantes contributions théoriques. La sociologie économique, restée dans l’ombre pendant plusieurs décennies s’est grandement renouvelée depuis plus de vingt ans, que ce soit grâce à des entreprises de relecture des « grands auteurs » comme MaxWeber (Cf. les travaux de R. Swedberg), ou bien à travers des recherches empiriques (à commencer par celles de M. Granovetter). L’essor actuel de la sociologie des marchés s’inscrit pour une part dans ce nouvel élan, mais elle rencontre sur ce terrain d’autres approches, fort variées, qu’il s’agisse d’ethnologie, d’histoire, ou bien de géographie. Il faut dire par ailleurs qu’au sein de la sociologieéconomique elle-même, des contributions très différentes se font jour, et ce en raison, entre autres, de l’ambiguïté du terme de marché1, qui peut désigner « l’ensemble des transactions ouvertes à un bien »2 ,aussi bien que « le lieu où se déroulent les échanges »3 (ainsi les études de sociologie du marché peuvent traiter aussi bien du marché unique européen que de tel marché de plein vent enprovince). De plus les marchés recouvrent des réalités très différentes selon qu’il s’agit par exemple du marché du travail, d’un marché aux fraises, ou bien d’un marché financier. Mais ce qui est peut-être le plus frappant est la diversité des positions théoriques prises par ceux qui effectuent ces recherches.
Présentation du lieu Mais avant de préciser quels sont ces différents courantsthéoriques, et de déterminer quels ont été « mes » choix théoriques, je voudrais tout d’abord « présenter mon terrain », et ce, peut être parce qu’en fin de compte, en tout cas pour une première recherche, c’est dans une large mesure le terrain qui définit la problématique que l’on adopte. Il est de tradition de commencer à réfléchir à son sujet de maîtrise dès l’année de licence, tradition à laquelle jen’avais pas dérogé. Je m’étais peu à peu décidé à choisir un sujet de
1 2
Cf. Bourdieu, 1997 idem., p. 50 3 idem.
sociologie économique, mais je n’avais pas encore déterminé quel pourrait être « mon terrain » quand j’appris que les professeurs du département de sciences sociales de l’Ecole Normale Supérieure de Cachan, où je suis élève, « affichaient » des sujets. C’est ainsi que je choisisl’un de ceux proposés par P.P. Zalio, intitulé « Etude de la vie d’une section locale du Medef », et qui offraient deux champs d’investigation, l’un dans les Bouches du Rhône, l’autre dans le Val de Marne, et j’optai pour le second. Si je raconte cela, c’est pour préciser que mon objectif premier n’était pas de réaliser une étude de sociologie du marché. Mais comme j’avais du mal à définir surquoi pourrait se porter ma recherche en dehors de Rungis, c’est finalement sur le Marché d’Intérêt National (MIN) de Paris-Rungis, que je décidai de travailler. Bref historique du marché Ce marché est né du transfert des anciennes Halles de Paris en dehors de la capitale, en 1969. Ces halles avaient pour fonction, depuis Philippe Auguste, d’approvisionner Paris en vivres, et étaient de longue…